Née le 15 février 1922 à Paris (XIe
arr.), morte le 14 avril 1972 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Traductrice ; militante étudiante communiste ; résistante, déportée
à Auschwitz, membre de l’Orchestre
des femmes d'Auschwitzsous le nom de « la petite
Hélène »1.
Hélène Rounder naît ledans le11e arrondissement
de Paris2.
Elle est la fille de Nestan Marc dit Max Rounder (1890-1942) et de
Léja dite Louise Ber (1892-1942), deux immigrés juifs, polonais et
russe, arrivés enFranceau
début duXXe
siècle. Ceux-ci se sont mariés àRoyan(Charente-Maritime)
en 1933 où la famille passe quelques années3,4,5.
Hélène grandit au 24 rue des Ternes dans le17e arrondissement
de Paris6puis
au 104 rue de Châtillon7àMontrouge,
avec sa cadette Marie Rounder (1913-2000). Son père est tailleur, sa
mère aide à l'atelier du 197 rue Championnet dans le18e arrondissement
de Paris. Hélène est naturalisée française.
Parcours de résistante et déportation
En 1937, Hélène a 15 ans et écrit au
courrier des enfants du quotidien communisteL'Humanité8,9,10.
Quand elle commence ses études à laFaculté
des lettres de Paris, elle milite aux Étudiants communistes.
Elle participe à la manifestation duà
l'Arc
de triomphe, en commémoration de l'armistice de novembre 1918.
Elle est arrêtée une première fois leà son domicile deMontrougelors
de la vague d'arrestations menées par labrigade
spécialeanti-communiste (BS1) à la suite de
l’affaire dite de la « bibliothèque Mazarine »11,
où des tracts de propagande communiste, destinés aux étudiants,
étaient insérés dans les livres. Dix-neuf étudiants communistes dontJean
Commère, Gisèle Vallepin (épouse Commère), Maurice Delon12,
Claude Lalet13,
Eugénie Lory14(épouse
Lalet), Jean Rozinoer15,
René Revel,Pierre
Kast16,
Bernard Kirschen17,
Jules Bresson, Jean Trouble,Raymond
Guglielmo18,
Paulette Levy, Jean Levy, Jean Gros19,
Olivier Souef20,21,Pierre
Daix22,
Jeanne Brunschwig23sont
arrêtés et inculpés de propagande communiste.
Elle est incarcérée à laprison
de la Roquette, à Paris, duau24.
Elle est condamnée25leà
3 mois d’emprisonnement par la15eChambre
du tribunal de première instance de la Seine pour propagande
communiste en infraction au décret duet
libérée le jour même car elle avait purgé sa peine pendant son
incarcération préventive.
Elle reprend immédiatement ses activités
de résistante.
À partir de, onze inspecteurs de la brigade spécialeBS1entament
la filature méthodique des militants engagés dans l’impression et la
diffusion de journaux et de tracts communistes (Affaire Arthur
Tintelin26).
André Diez27dit
Dédé le boiteux, un des responsables de l’organisation, est arrêté
le, tout commeYvonne
Picard, qui sera déportée àAuschwitz.
Hélène Rounder, dont le nom apparait dans les documents d'André Diez
est arrêtée leà son domicile. Au total une
soixantaine de personnes sont appréhendées et certaines torturées.
Hélène Rounder est enfermée à la
prison deFresnes,
puis au dépôt de la préfecture de police de Paris duau, et enfin au Fort
de Romainvilleduau.
Les autorités allemandes l’ayant identifiée comme
juive, elle est séparée de ses camarades communistes et internée au Camp
de Drancyduau.
DepuisDrancy,
elle est déportée lepar leconvoino 57au
départ de la gare duBourget.
À son arrivée àAuschwitz,
le, elle est tatouée avec le numéro de matricule
50290 et un triangle pointe en bas sous ce numéro28.
Elle a 21 ans.
Hélène Rounder échappe àl'exterminationaprès
avoir été recrutée dans l’Orchestre
des Femmes d’Auschwitzen tant que violoniste et
copiste29.
Elle y retrouve d’autres Françaises dontClaire
Moniset Fanny Ruback qui survivront également. On
retrouve sa trace sous le nom de « la petite Hélène »1parmi
les membres de toute nationalité de cet orchestre, ainsi qu’un
permis de travail (Arbeitseinsatzkarten30)
dans les archives de l’ITS Arolsen31et
du musée d'Auschwitz-Bikenau32.
Les survivantes sont transférées le, au camp deBergen-Belsen,
où elles arrivent le. Le camp est libéré lepar l'armée britannique.
Rapatriée àParispar
avion le, Hélène Rounder retrouve pour quelques mois
seulement sa sœur Marie.
Sa mère est décédée2 leà Paris dans un hospice proche de la Cité
Internationale Universitaire de Paris. Son père, arrêté peu
après elle, a été déporté par leconvoino 7
duet gazé33 à
son arrivée àAuschwitzle.
Après guerre
Au sortir de la guerre, Hélène
s’engage dans l’armée française pour une courte période de 2 ans
avec un poste àBerlincomme
attachée « traducteur rédacteur »1reclasse
au groupe français du Conseil de Contrôle (division de l'Agriculture
et du Ravitaillement).
Elle obtient son certificat
d’appartenance34aux
FFI en 1950 en raison de son appartenance au FFC – réseau Front
National – deau, puis duau. Elle reçoit le statut de « déportée politique »,
mais sa demande de « déportée résistante » arrive après les délais
légaux (forclusion en 1951).
Elle obtient sa licence de lettres de
la faculté de Paris en 1952, après avoir repris ses études
commencées en 1941.
Hélène s’engage dans une association
dédiée aux enfants : lecentre
international de l'enfance, situé à l'époque au Château de
Longchamp, dans le16earrondissement
de Paris, en tant que secrétaire de direction bilingue entre leet le35.
Elle part quelques jours en mission à Brazzaville au Gabon.
Elle se marie36àMarseilleavec
Lucien Diatkine en 1955. Le couple n'aura pas d'enfant. Elle obtient
sa licence d’anglais à l’université d’Aix-en-Provence.
Elle parle aussi l’allemand, notamment avec une réfugiée allemande
d’après-guerre en provenance deLeipzig :frauMartha
Möler.
Elle garde toujours un violon avec
elle et continue d’en jouer àMarseille.
Attirée par lesBeaux-Arts–
elle dessine très bien – elle fréquente les milieux artistiques et a
des amis architectes.
Toujours proche deViolette
Jacquet-Silbersteinqui faisait partie avec elle de
l’orchestre
des femmes d’Auschwitz, elle l’écoute chanter régulièrement dans
les restaurants de laCôte
d’Azur, notamment àCassis,
l’été, au bistrot « Chez Tania », dans lacalanque
de Figuerolles,
où Violette assure une ambiance musicale tsigane
et russe.
Hélène poursuit son engagement social
auprès de l'ORT
France, institution juive d'éducation et de formation, créée en
1921, et participe au jumelage des villes deMarseilleet
deHaïfaenIsraël.
En 1967, juste après « la
guerre des 6 jours », elle se rend enIsraëlrevoir
ses amis peintres :
Kurt Heinberg et son épouse, mais aussi l’ancien
consul d'Israël rencontré à Marseille : Avner Arazi.
Mort
Frappée par uncancer
du sein, Hélène meurt àMarseilleledes suites de cette longue maladie2.
Son nom a été gravé sur leMur
des NomsauMémorial
de la Shoahrue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe
arr.), dalle n° 39, colonne n° 13, rangée n° 3.
Notes et
références
↑Revenir
plus haut en :aetbJean-Jacques
Felstein,Dans
l'Orchestre d'Auschwitz : le secret de ma mère,
Paris, Imago Editions,,
206 p.(ISBN9782849520949),
p.86, p.174, p.203.
Née le 15 février 1922 à Paris (XIe arr.), morte le 14 avril 1972 à
Marseille (Bouches-du-Rhône) ; traductrice ; militante étudiante
communiste ; résistante, déportée à Auschwitz, membre de l’orchestre des
femmes d’Auschwitz.
Hélène Rounder
naquit dans le XIe arrondissement de Paris de Nestan Marc dit Max
Rounder (1890-1942) et de Léja dite Louise Ber (1892-1942), deux
immigrés juifs, polonais et russes, arrivés en France au début du XXe
siècle.
Ceux-ci se marièrent à Royan (Charente-Maritime) en 1933 où la
famille passa quelques années.
Hélène grandit au 104 rue de Châtillon à
Montrouge, avec sa cadette Marie Rounder (1913-2000). Son père était
tailleur, sa mère aida à l’atelier du 197 rue Championnet dans le XVIIIe
arrondissement de Paris. Hélène fut naturalisée française.
En 1937, Hélène a quinze ans écrivit au courrier des enfants du
quotidien communistel’Humanité.
Les deux bacs en poche (sessions de juin 39 et septembre 1940), elle
commença ses études à la Faculté de Lettres de Paris et milita aux
Étudiants communistes.
Elle participa à la manifestation du 11 novembre
1940 à l’Arc de triomphe, en commémoration de l’armistice de novembre
1918.
Elle fut arrêtée une première fois le 27 novembre 1940 à son
domicile 107 rue de Châtillon à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine), lors
de la vague d’arrestations menées par la brigade spéciale
anti-communiste (BS1) à la suite de l’affaire dite de la « bibliothèque
Mazarine »,
où des tracts de propagande communiste, destinés aux
étudiants, étaient insérés dans les livres. Dix-neuf étudiants
communistes dont Jean Commère, Gisèle Vallepin (épouse Commère), Maurice
Delon,Claude
Lalet,Eugénie
Lory (épouse Lalet,Jean
Rozinoer,René
Revel,Pierre
Kast,Bernard
Kirschen, Jules Bresson, Jean Trouble,Raymond
Guglielmo,Paulette
Levy, Jean Levy, Jean Gros,Olivier
Souef,Pierre
Daix,
Jeanne Brunschwig furent arrêtés et
inculpés de propagande communiste. Des journaux collaborationnistes s’en
firent l’écho :Le MatinetLe
Petit Parisiendu 29 novembre 1940.
Elle fut incarcérée à la prison de la Roquette, à Paris, du 29 novembre
1940 au 2 mars 1941.
Elle fut condamnée le 2 mars 1941 à 3 mois d’emprisonnement par la 15e
Chambre du tribunal de première instance de la Seine pour propagande
communiste en infraction au décret du 26 septembre 1939 et libérée le
jour même car elle avait purgé sa peine pendant son incarcération
préventive.
Elle reprit immédiatement ses activités de communiste.
À partir de mars 1942, onze inspecteurs de la brigade spéciale BS1
entamèrent la filature méthodique des militants engagés dans
l’impression et la diffusion de journaux et de tracts communistes
(AffaireArthur
Tintelin.André
Diez dit Dédé le boiteux, un des
responsables de l’organisation, fut arrêté le 18 juin 1942, tout commeYvonne
Picard, qui fut déportée à Auschwitz.
Hélène Rounder, dont le nom apparait dans les documents d’André
Diez fut arrêtée le 26 juin 1942 à son
domicile. Au total une soixantaine de personnes furent appréhendées et
certaines torturées.
Hélène Rounder fut enfermée à la prison de Fresnes, puis au dépôt de la
préfecture de police de Paris du 26 juin 1942 au 3 août 1942, et enfin
au Fort de Romainville du 3 août 1942 au 1er septembre 1942.
Les
autorités allemandes l’ayant identifiée comme juive, elle fut séparée de
ses camarades communistes et internée au Camp de Drancy du 1er septembre
1942 au 18 juillet 1943.
Depuis Drancy, elle fut déportée à Auschwitz le 18 juillet 1943 par le convoi no 57
au départ de la gare du Bourget. À son arrivée, le 21
juillet 1943, elle fut tatouée avec le numéro de matricule 50290 et un
triangle pointe en bas sous ce numéro.
Hélène Rounder échappa à l’extermination après avoir été recrutée dans
l’orchestre des femmes d’Auschwitz en tant que violoniste et copiste.
On
retrouva sa trace sous le nom de « la petite Hélène » parmi les membres
de toute nationalité de cet orchestre, ainsi qu’un permis de travail (Arbeitseinsatzkarten)
dans les archives de l’ITS Arolsen et du musée d’Auschwitz-Bikenau.
Les
survivantes furent transférées le 31 octobre 1944, au Camp de
Bergen-Belsen, où elles arrivèrent le 2 novembre 1944. Le camp fut
libéré le 15 avril 1945 par l’armée britannique.
Rapatriée à Paris par avion le 4 juin 1945, Hélène Rounder retrouva pour
quelques mois seulement sa sœur Marie. Sa mère était décédée le 28 mars
1942 à Paris dans un hospice proche de la cité internationale
universitaire de Paris. Son père, arrêté peu après elle, avait été
déporté par le convoi n° 7 du 19 juillet 1942 et gazé à son arrivée à
Auschwitz le 24 juillet 1942.
Au sortir de la guerre, Hélène s’engagea dans l’armée française pour une
courte période de 2 ans avec un poste à Berlin comme attachée
« traducteur rédacteur » 1ere classe au groupe français du Conseil de
Contrôle (division de l’Agriculture et du Ravitaillement).
Elle obtint son certificat d’appartenance aux FFI en 1950 en raison de
son appartenance au FFC – réseau Front National – de juillet 1940 au 28
novembre 1940, puis du 1er mars 1941 au 24 juin 1942. Elle reçoit le
statut de « déportée politique », mais sa demande de « déportée
résistante » arrive après les délais légaux (forclusion en 1951).
Elle obtint sa licence de lettres de la faculté de Paris en 1952, après
avoir repris ses études commencées en 1941.
Hélène s’engagea dans une association dédiée aux enfants : le centre
international de l’enfance, situé à l’époque au Château de Longchamp,
dans le XVIe arrondissement de Paris. Elle partit quelques jours en
mission à Brazzaville au Gabon.
Elle se maria à Marseille avec Lucien Diatkine en 1955. Elle obtint sa
licence d’anglais à l’université d’Aix-en-Provence. Elle parlait aussi
l’allemand,
Elle garda toujours un violon avec elle et continue d’en jouer à
Marseille. Attirée par les Beaux-Arts – elle dessinait très bien – elle
fréquenta les milieux artistiques et a des amis architectes.
Toujours proche de Violette Jacquet-Silberstein qui faisait partie avec
elle de l’orchestre des femmes d’Auschwitz, elle l’écoute chanter
régulièrement dans les restaurants de la Côte d’Azur, notamment à
Cassis, l’été, au bistrot « Chez Tania », dans la calanque de
Figuerolles, où Violette assure une ambiance musicale tsigane et russe.
Hélène Rouner poursuivit son engagement social auprès de l’ORT France,
institution juive d’éducation et de formation, créée en 1921, et
participa au jumelage des villes de Marseille et de Haïfa en Israël. En
1967, juste après « la guerre des 6 jours », elle se rendit en Israël
revoir ses amis peintres : Kurt Heinberg et son épouse, mais aussi
l’ancien consul général d’Israël à Marseille : Avner Arazi.
Frappée par un cancer du sein, et malgré un traitement, Hélène décéda à
Marseille le 14 avril 1972 des suites de cette longue maladie.Son nom a été gravé sur le Mur des noms au mémorial de la Shoah rue
Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.), dalle n° 39, colonne n° 13, rangée
n° 3.