Daniel (Daan) Sternefeld (Anvers, le 27 novembre 1905 - Uccle, le 2 juin 1986), chef d'orchestre, professeur de musique et compositeur belge.

Après des études entre autres comme flûtiste au Koninklijk Vlaams Muziekconservatorium de sa ville natale. Dans le même temps, il prend des leçons privées de composition au Conservatoire Royal de Flandre à Anvers, auprès de Renaat Veremans et Paul Gilson. En outre, il suit un cours de chef d’orchestre auprès de Frank van der Stucken et il participa au cours de maître de direction d’orchestre à l’Universität für Musik und Darstellende Kunst («Mozarteum») à Salzbourg auprès de Bernard Paumgartner, Clemens Krauss et Herbert von Karajan. Il débute comme flûtiste à l'orchestre de l’Opéra royal flamand d'Anvers.

En 1935, il est nommé chef d'orchestre à l'Opéra d'Anvers.

 

D’origine juive, il dut démissionner pendant la Seconde Guerre mondiale.
À l'automne de 1943, il passa plusieurs mois à la caserne Dossin à Malines, dans laquelle avait été établi un camp de transit pour les camps d'extermination.
Il réussit à se faire libérer probablement en soudoyant un garde (ou peut-être sur intervention de la Reine Elisabeth). Avec le soutien d'amis il put survivre dans la clandestinité à Anvers.

En 1948, il est nommé à l'Orchestre symphonique de la radio belge à Bruxelles (NIR et BRT) , d'abord comme chef d'orchestre adjoint et de 1957 jusqu'à sa retraite en 1970 comme chef d'orchestre principal.
Il fit également de nombreuses apparitions avec des orchestres en dehors de la Belgique.
Il est aussi titulaire du cours d'orchestre ainsi que du cours de direction du conservatoire d'Anvers.
Le prix de l’audience du Concours Reine Élisabeth de l’ancienne BRT 3 porte son nom.

L'oeuvre musicale de Daan Sternefeld n'est pas très étendue. Son activité très intense comme professeur et chef d'orchestre lui laissait trop peu de temps pour composer.
En outre, il était lui-même très critique, presque sceptique à l'égard de ses propres créations: "Je ne me prends pas très au sérieux comme compositeur; surtout pas quand je me compare aux grands maîtres de renommée mondiale. Je préfère interpréter et recréer leur oeuvre. Courir après les grands maîtres comme compositeur m'intéresse moins."
Ses rares compositions témoignent pourtant d'un solide métier, d'une inspiration vivante et d'une pratique colorée de l'orchestration. Il est frappant de voir qu'il s'inspire à plusieurs reprises du Volkslied du Moyen Age néerlandais et que l'idée de la mort est présente dans nombre de ses oeuvres.
Après avoir suivi les cours de Paul Gilson, Daan Sternefeld écrit l'opéra Mater Dolorosa (1934). Bien que cette oeuvre subisse incontestablement l'influence de R. Wagner et R. Strauss, plusieurs moments de cette partition dramatique prouvent une grande maîtrise de l'orchestration.

Une pratique permanente et très intense d'un grand nombre de partitions de musique moderne fait progressivement évoluer le style de Daan Sternefeld vers une tonalité à la modernité discrète, sans la moindre touche expérimentale. Dans le Divertimento pour instruments à vent (1980) où des morceaux en solo d'une grande virtuosité alternent avec des fragments de tutti pétillants, le compositeur jongle ici et là avec de pures combinaisons de sons; dans le Quintette à vent (1986), il recherche une pureté toute contemporaine et une beauté classique des formes.
Son goût pour les sonorités suggestives, le coloris surprenant et l'évocation plastique de l'atmosphère s'exprime à plein dans des compositions telles que le ballet Pierlala (1938), la suite joyeuse Salve Antverpiae (1976), le ballet-oratorium Heer Halewyn (1978) et la symphonie Brueghel (1983).

Avec sa Symphonie en Ut (1943), Daan Sternefeld nous a offert une des contributions les plus importantes du xxe siècle à la symphonie en Flandre. Composé en pleine Seconde Guerre mondiale à une époque où le compositeur vivait dans la clandestinité, ce journal de guerre en trois parties se fait l'écho dramatique des sentiments les plus profonds de son créateur: la peur, la tristesse et l'appel à la libération.
Daan Sternefeld était un grand artiste en même temps qu'un homme modeste. Son oeuvre nous donne la preuve tangible de son multiple talent, de sa recherche de la beauté et de la sincérité, de son goût pour l'humour spirituel et l'expression profonde des sentiments.

Compositions

Œuvres pour orchestre

  • 1928 Symfonische variaties (variations symphoniques)
  • 1934 Vlaamse volksliederen - suite (chansons folkloriques flamandes), suite pour orchestre de chambre
  • 1931 Elegie (Élégie), Paraphrase on "Kol Nidrei"
  • 1943 Symfonie in C (symphonie en ut)
    1. Adagio molto-Allegro impetuoso
    2. Andante
    3. Allegro agitato
  • 1976 Zang en dans aan het hof van Maria van Bourgondië (chant et danse à la cour de Marie de Bourgogne), pour orchestre
  • 1978 Halewijn
  • 1979 Het hemelbed (le baldaquin)
  • 1979 Festivitas populacia bruocsella
  • 1979 Salve Antwerpia
  • 1981 Rossiniazata, suite pour orchestre d’après Gioacchino Rossini
    1. Introductie: Allegro molto vivace (introduction)
    2. Kleine Chinese polka : Allegro brillante (petite polka chinoise)
    3. Inoffensive Prelude : Andantino (prélude inoffensive)
    4. A little Thought : Allegro moderato (un peu de réflexion)
    5. Saltarello à L'italienne : Allegretto moderato
    6. Franse Candour : Allegretto (candeur française)
    7. A Little Pleasure Train : Allegretto (un petit train de plaisir)
    8. Memento Homo : Andante maestoso
    9. Enough of Remembrances, Let us Dance : Allegro moderato (assez de souvenirs, qu’on danse)
    10. Acute Pain of the Heirs : Allegro vivace (douleur aiguë des héritiers)
  • 1982 Bruegel, (2e Symphonie), pour orchestre
  • 1984 Waaier (éventail)
  • Symphonia Femina (symphonie féminine)

Œuvres pour orchestre à vent et cuivres

  • 1954 Variaties op Broeder Jacob (variations sur Frère Jacques), pour orchestre
  • 1954 Frère Jacques, pour ensemble de cuivres (4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba et percussions)
  • 1983 Vijf Nederlandse liederen (cinq chansons en langue néerlandaise), pour fanfare
  • 1985 Vijf Nederlandse liederen uit de XVIe en XVIIe eeuw (cinq chansons en langue néerlandaise du XVIe et XVIIe siècle), pour orchestre
  • Divertimento, pour orchestre d’instruments à vent
    1. Allegro con spirituo
    2. Andate - cadenza
    3. Allegro giocoso
  • Intrada en vier variaties op twee volksliederen (entrée et quatre variations sur deux chansons populaires)

Musique de théâtre

  • 1934 Mater Dolorosa, opéra - première: 1935, Anvers – livret : Willem Gijssels, basé sur les contes de fées de Hans Christian Andersen, « Het verhaal van een moeder » (l’histoire d’une mère)

Œuvres pour chœur

  • 1949 A.B.V.V. Mars, marche du syndicat socialise, pour chœur mixte

Musique vocale

  • 1938 Pierlala, pour voix et orchestre
  • 1977 "'K kwam lestmael door een groene wei" (je passait dernièrement par un pré vert), pour voix et harpe
  • 1977 Ghequetst ben ik van binnen (je suis blessé à l’intérieur), pour voix et harpe
  • 1977 Ik zag Cecilia komen, (je vis passer Cécile) pour voix et harpe
  • A.B.V.V. Lied, chant de guerre du syndicat socialiste, pour voix moyenne et piano, paroles de M. Coole

Musique de chambre

  • 1930 Kleine burlesque nr.1, petit burlesque pour flûte traversière, hautbois, clarinette et basson
  • 1986 Blaaskwintet, quintet pour instruments à vent
  • Kleine burlesque nr.2, petit burlesque pour flûte traversière, hautbois, clarinette et basson

Discographie

  • Mater Dolorosa, opéra
    Marco Polo 8.225068-69; Naxos 8.554500-01
    Marie Therese Letorney (la mère), Lucienne Van Deyck (la nuit), Tom Sol (la mort), Cathérine Vandevelde (1e naïade), Barbara Haveman (2e naïade), , Els Crommen (la mère, récitatif)
    Chœur de la Radio flamande, Ensemble vocal Zeffiretti, Orchestre royal philharmonique de Flandre
    Grant Llewellyn
  • Symphony No.1, Rossiniazata, Mater Dolorosa (extraits)
    Marco Polo 8.223813;
    Moscow Symphony Orchestra
    Frederic Devreese
  • Symphony No.1
    Cultura 5067-5 (LP) (1972)
    Belgian National Orchestra
  • Symphony No.1,  Mater Dolorosa, Elegy, Paraphrase on "Kol Nidrei" and Variations on “Frère Jacques”
    Brussels Philharmonic Orchestra
    Arturo Tamayo
    Etcetera KTC 4029 (2009)
    Sternefeld, maître de l’expressionnisme lyrique (28 mars 2010 par Fred Audin)
  • Symphony No. 1, Pierlala and Mater Dolorosa - 4 Interludes and Finale, Symphonies No. 2 "Breugel"
    Meir Minsky / BRTN Philharmonic Orchestra (rec. 1985)
    Phaedra 92007 (2 CDs, 1995)

Lien externe