Le Portrait (russe : Портрет) est un opéra en un acte et huit scènes de Mieczyslaw Weinberg sur un livret d'Alexandre Medvedev d'après la nouvelle Le Portrait de Nikolaï Gogol.
Composé en 1980, il est créé le 20 mai 1983 au Théâtre National de Brno.
L'ouvrage est rejoué en 1992 par l'Opéra de chambre de Moscou, en 2010 au Festival de Bregenz et en avril 2011 à Nancy par l'Orchestre national de Lorraine dans une version en russe.
Un peintre désargenté trouve de la peinture magique qui lui pose un dilemme.
Soit tracer sa propre voie d'artiste sur son seul talent ou s'aider de cette
peinture magique pour devenir riche et célèbre.
Il choisit de devenir riche et
célèbre mais au bout d'un certain temps se rend compte qu'il a fait le mauvais
choix.
Mieczysław Weinberg’s opera in three acts, Portret (The Portrait), will have its Polish premiere on 6 December 2013, at Teatr Wielki (Grand Theatre) in Poznań.
Directed by David Pountney, the current adaptation of
the original Portret (1980) previously
premiered at London's Lowry Theatre and was very well
received. U.K. based Opera North Production’s remake is
now coming to its homeland at the Teatr Wielki stage,
which has made significant historical contributions to
shaping the image of opera in Poland, recently
celebrating its 100th anniversary in the year 2010.
Inspired by Nikolai Gogol’s story of the same name
(1835), Weinberg composed the opera to
a libretto by Aleksander Miedwiediew. The first
performance of Portret was held in 1983
at the National Theatre in Brno, Czech Republic.
Independent on Sunday reviewed Opera North
Production's U.K. adaptation of Portret
as: “Musically subtle and tautly sung.”
Mieczysław Weinberg, also known as Wajnberg in
Polish (1919-1996), was born in to a Jewish family in
Warsaw. He lived and studied in Warsaw until his family
moved to the Soviet Union at the outbreak of war in
1944. Music experts from the former Soviet Union
considered Mieczysław Weinberg as one of the most
interesting composers after his mentor, Dmitri
Shostakovich. Apart from
Alexandre Tansman and Andrzej Panufnik, Weinberg was one of the few Polish
composers in exile, who managed to interest the most
outstanding performers in his music. His compositions
include several dozen symphonies, concerts, choral
pieces, chamber pieces and movie scores. In terms of the
opera, he is the author of as many as seven pieces –
The Passenger (1968), composed to the
libretto based on a short story by Zofia Posmysz,
D’Artagnan in love with the libretto
drawing on Alexandre Dumas’ novel, Well done!,
and other pieces based on the works of Bernard Shaw,
Fyodor Dostoyevsky and Nikolai Gogol.
The upcoming Poznań premiere on 6 December, 19:00 is
sung in Russian with Polish subtitles. The project is
financed by the Ministry of Culture and National
Heritage.
Venu régler en 2008 à Nancy la mise en scène de Divorce à l'italienne
de Giorgio Battistelli, David Pountney a fait une proposition à Laurent
Spielmann, directeur de l'Opéra national de Lorraine : l'associer à la
redécouverte du Portrait (1980) de Mieczyslaw Weinberg (1919-1996),
oeuvre quasiment inconnue depuis sa création à Brno en 1983, perdue dans une
production pléthorique et largement instrumentale. Quelques semaines après Opera
North à Leeds, qui l'a monté en anglais, Nancy a donc eu le bonheur d'accueillir
en première française (et dans sa langue russe originale) un ouvrage
efficacement tiré de la nouvelle de Gogol, une réflexion sur la difficulté de
l'artiste à résister aux sirènes de l'argent et de la gloire, aux exigences de
ses commanditaires, au conformisme - le peintre Chartkov en mourra, obsédé par
la vanité de son travail. On peut imaginer à quel point la problématique
soulevée par Gogol dans la Russie tsariste a pu toucher Weinberg au plus profond
de lui-même, lui qui fut emprisonné sous le stalinisme finissant pour "activités
sionistes" et dut au-delà composer avec les attentes du régime soviétique en
matière d'art. Sur scène, Staline est l'un de ces puissants grotesques, montés
sur échasses, qui écrasent le peintre de leurs diktats (fin du IIe acte) ; puis
son portrait est partout, ses yeux laissant passer de manière menaçante la
lumière apportée par l'Allumeur de réverbères, personnage récurrent de l'ouvrage
(début du III) - Big Brother vous regarde...
Le spectacle, un peu distendu
au Ier acte, parfois surligné (crâne de "vanité" au finale), a le mérite de la
lisibilité : n'est-ce pas ce que l'on attend pour un premier contact avec une
oeuvre ? En outre les idées abondent (cet atelier aux murs colorés comme la
palette du peintre, ces mains perçant les parois dans un songe, ce plateau
aveuglé de lumière quand tout s'éclaire pour l'artiste, ces silhouettes en
ombres chinoises...), et l'émotion grandit avec les délires de Chartkov, dont
Psyché scrute l'âme tourmentée à l'aide de la vidéo. Ce visage, c'est celui du
ténor américain Erik Nelson Werner : timbre rond, projection fière, lyrisme de
l'expression, sans oublier un engagement dans le répertoire slave reconnu
jusqu'au Met (De la maison des morts de Chéreau). Beaucoup de qualités
alentour (Nikita très libre de Evgeny Liberman), jusque dans les petits rôles
(Liza impayable, en poupée motorisée, de Diana Axentii).
L'orchestre, que le
compositeur chérissait (vingt-deux symphonies !), est un personnage lui aussi,
doté d'un rôle dramatique moteur : Gabriel Chmura, champion de Weinberg, a mené
un travail de fond à la tête de l'Orchestre symphonique et lyrique de Nancy,
auquel il manque juste une touche d'ironie et de sombre mélancolie pour séduire
tout à fait. En 1980, cette partition qui assume sa généalogie russe, du Groupe
des Cinq à l'ami Chostakovitch, pouvait sonner comme un défi à la modernité ;
trente ans plus tard, c'est plutôt le métier et la sincérité du compositeur qui
nous touchent. Et l'on n'a qu'une envie : découvrir ses six autres opéras, à
commencer par La Passagère, que le curieux Pountney a ressuscitée au Festival de
Bregenz (à voir en DVD chez Neos).
Donnée en création française et en coproduction avec Opera North de Leeds, c’est une rareté absolue que propose l’Opéra national de Lorraine avec Le Portrait, opéra quasiment inconnu – il n’en existe à notre connaissance aucun enregistrement – d’un compositeur encore largement ignoré, le russe d’origine polonaise Mieczsylaw Weinberg.
Erik Nelson Werner (Chartkov)
© Opéra national de Lorraine
Les deux maîtres d’œuvre de cette exhumation sont, à parts égales, le metteur en scène
David Pountney et le chef d’orchestre Gabriel Chmura. Le premier a déjà
présenté La Passagère et Le Portrait au Festival de Bregenz,
dont il est directeur artistique. Dans une Saint-Pétersbourg déstructurée, aux
murs de guingois couverts des touches expressionnistes et bigarrées d’une
palette de peinture, il présente un spectacle animé et haut en couleurs. Aux
deux premiers actes, il privilégie un peu trop la farce au détriment de
l’introspection et du lyrisme, réussissant au passage un portrait au vitriol de
la haute société qui se presse dans l’atelier de Chartkov, irrésistible galerie
de fanfarons de carnaval grandis par des échasses. Au troisième acte, après
l’entracte, l’atmosphère se glace avec l’entrée de l’art officiel sous forme de
portraits démultipliés de Staline (dont Weinberg a tant souffert) comme autant
de Big Brothers puis s’épure judicieusement pour laisser l’émotion monter
jusqu’à la fin de l’agonie du héros. Le chef Gabriel Chmura a lui aussi beaucoup
œuvré pour la redécouverte de Weinberg, enregistrant notamment ses symphonies
pour le label Chandos. Il démontre à nouveau son intérêt et sa profonde affinité
avec cette musique, assumant ses contrastes, marquant sa rythmique et soignant
sa parfaite mise en place. Dans cette partition difficile, où les solistes sont
successivement surexposés, l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy magistralement préparé brille par sa
concentration, son ardeur, sa précision et la saveur de ses timbres.
D’une distribution homogène et de grand format émerge tout particulièrement
le ténor Erik Nelson Werner dans le rôle crucifiant du peintre Chartkov. Présent
en scène quasiment durant tout le spectacle, affrontant une tessiture héroïque
de plus en plus tendue au cours de la soirée, il y montre une endurance et une
puissance impressionnantes couplées à des capacités de demi-teinte et de pur
lyrisme remarquables, sans oublier une aisance confondante dans la langue russe.
Face à lui, dans le rôle du domestique Nikita, le baryton Evgeny Liberman séduit
par sa jeunesse, son naturel, son énergie communicative et l’éclat d’une voix
sonore et bien timbrée. Claudio Otelli campe une pittoresque série de caractères
bien différenciés, du Marchand d’art au Professeur, du Journaliste au Duc,
tandis que la mezzo-soprano Svetlana Sandler impose une vieille Noble savoureuse
et cocasse quoique vocalement trop vociférante et que Yuree Jang nous gratifie
d’aigus cristallins superbes. Enfin, la complainte pleine de rêve et de poésie
de Dimitris Paksoglou en Veilleur de nuit ouvre et ferme le spectacle, rappelant
à un siècle de distance celle de l’Innocent de Boris Godounov.
Edited by E.M., 03/12/2013