Terezín - Refuge In Music

Genre : Documentary
Production Company : NIGHTFROG GmbH For the Bavarian Academy of Fine Arts
Producer :Katja Schaefer
Director, Executive Producer :
Benedict Mirow
Camera : Matthias Boch (DoP), Amadeus Hiller, et al.
Sound :
Mike Hatch, Johannes Müller, Marc Parisotto
Author :
Dorothee Binding
Duration : 58‘
Production Year :
2013
Distribution : NIGHTFROG GmbH
DVD distribution : Deutsche Grammophon
http://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/-/art/Anne-Sofie-von-Otter-Terezin/hnum/2948788

 

DVD "Terezin - Refuge in Music" Concert à l'Académie bavaroise des Beaux-Arts le 20 Mars 2012

Entracte

Terezin (Theresienstadt) était, parmi les camps de concentration nazis, une sorte de ville modèle : avec ce miroir aux alouettes, Hitler voulait montrer au monde entier que les détenus vivaient heureux et qu’ils pouvaient poursuivre des activités culturelles plaisantes.
De fait, comme pour mieux masquer l’oeuvre de mort qui s’y tramait en silence, Terezin a connu une vie musicale exceptionnelle. La plupart des musiciens du camp ont été déportés et assassinés, mais il reste leurs oeuvres poignantes, enregistrées par Anne Sofi e von Otter pour Deutsche Grammophon en 2007. Il y a notamment, émouvants entre tous, les airs simples qu’Ilse Weber accompagnait à la guitare pendant ses veilles nocturnes d’infi rmière. Elle tint à aller avec les enfants de l’hôpital de Terezin jusque dans la mort : des détenus rapportèrent qu’elle leur chantait encore une berceuse dans la chambre à gaz.

Concert diffusé, le 5 juillet 2013 à 14h, sur France Musique.  

Poster
Anne Sofie von Otter © Deutsche Grammophon

Audio : Ilse Weber, Ich wandre durch Theresienstadt
Extrait du DVD "Terezin - Refuge in Music", sortie automne 2013
Avec l'autorisation de la Bayerische Akademie der Schönen Künste / Katja Schaefer

Theresienstadt, aménagé dans la ville-forteresse de Terezín à quelques kilomètres de Prague, fait figure de cas particulier dans le système concentrationnaire. Après que les autorités nazies eurent pris conscience que la disparition de certains Juifs renommés, ou Prominenten — artistes, savants, décorés ou mutilés de la Première Guerre mondiale —, ne manquerait pas de susciter des questions quant au sort réservé au peuple juif tout entier, il fut décidé lors de la Conférence de Wannsee que Theresienstadt aurait un double statut : « camp de transit » pour les Juifs du Protectorat de Bohême-Moravie, et « ghetto pour personnes âgées » (Ältersghetto) destiné aux Juifs du Reich de plus de 65 ans. En réalité, Theresienstadt fut l'antichambre d'Auschwitz-Birkenau : plus de la moitié des 155 000 détenus y périront. Trois caractéristiques rendent ce camp unique. Tout d'abord la constitution de la population : uniquement des Juifs dans l'acception nazie du terme — c'est-à-dire ayant au moins un aïeul ou un parent juif.

Le camp est placé sous la responsabilité d'une « Administration autonome juive » aux ordres des commandants SS successifs. La présence d'enfants ensuite, déportés avec leur famille. Dispensés de travail, la plupart d'entre eux furent pris en charge par des éducateurs qui rendirent leur quotidien moins insupportable grâce à des initiatives culturelles et pédagogiques.

Dossier pédagogique / La musique à Terezin

Antichambre des camps d'extermination de l'est, Terezin accueille des compositeurs et musiciens comme Viktor Ullmann, Gideon Klein et Pavel Haas qui périssent à Auschwitz.

Enfin, le regroupement d'une grande partie de l'intelligentsia juive pragoise et allemande, dont des interprètes et compositeurs renommés, ce qui a mené au qualificatif abusif de « camp des musiciens ». Pour des raisons propagandistes, une vie musicale intense y est encouragée par la Kommandantur SS. Les artistes jouissent d'un statut privilégié au regard des détenus « ordinaires » : certains sont dispensés de travail, perçoivent des rations alimentaires moins misérables, sont mieux logés et, dans un premier temps, à l'abri des transports vers Birkenau. Une « Administration des Loisirs » est mise en place, des orchestres et de nombreux ensembles tchèques et allemands se constituent rapidement. Dès 1943, avec l'avancée du conflit et suite aux pressions de la communauté internationale, Theresienstadt devient un « camp de propagande » afin de masquer les déportations vers l'Est. Une visite de la Croix-Rouge internationale est organisée le 23 juin 1944 et minutieusement préparée : façades repeintes, kiosque à musique rénové, détenus bien portant choisis comme figurants...

Suite à cette visite un film de propagande est réalisé, sous la contrainte, par Kurt Gerron. La défaite annoncée de l'Allemagne sonne l'évacuation du camp ; la majeure partie de la population, artistes compris, est déportée vers Birkenau en octobre 1944. La plupart périront dans les chambres à gaz dès leur arrivée. La présence de compositeurs reconnus, des conditions de vie moins misérables que dans d'autres camps et la possibilité de se procurer des instruments et du papier à musique expliquent la richesse de la création musicale à Theresienstadt. Y résonnent tous types de musique : savante ou populaire, chants religieux ou folkloriques, musique de cabaret et de jazz. Le programme d'Anne Sofie von Otter et de ses partenaires, le violoniste Daniel Hope, le pianiste Bengt Forsberg et l'accordéoniste Bebe Risenfors, met en valeur cet aspect extrêmement riche et kaléidoscopique.