Sous la direction de Laurent Jalabert
Exodes, Exils et internements dans les Basses-Pyrénées (1936-1945)
Editeur Cairn (octobre 2014)

Collection Guerres et société dans le midi aquitain
Format 16 x 24, 128 Pages
ISBN : 978-2-35068-366-9

 

 

 

 

Situé le long de la frontière occidentale de l’Espagne, le département des Basses-Pyrénées, soumis à l’exode massif des Espagnols fuyant la guerre civile, connaît dès 1936 l’ouverture d’un camp de réfugiés dans la petite commune de Gurs.
Le camp reste en fonction tout au long de la guerre et se transforme en lieu d’internement : indésirables étrangers ou politiques, juifs, résistants, collaborateurs, prisonniers de guerre allemands… s’y succèderont dans les pires conditions.
Tout au long de ces « années sombres », le Béarn comme le Pays basque se remplissent de maisons d’arrêts, camps de prisonniers, camps de travail, camps de réfugiés, lieux d’assignations à résidence récemment redécouverts par l’historiographie
(le plus important étant le camp du Polo à Bayonne -Frontstalag 222-, réservé aux prisonniers de guerre issus des colonies). Ces internements ne sont que l’une des formes de contrôle qui s’exercent surtout contre les populations juives, particulièrement
surveillés aux frontières et autour de la ligne de démarcation, mais aussi sur des lieux d’assignation à résidence en zone libre ou dans la zone occupée, notamment à Bayonne où la communauté est importante.
Ce livre qui reprend une partie des communications de la journée d’études du 30 novembre 2012 qui s’est tenue à l’Université de Pau, revient sur ces phénomènes d’exodes ou d’internements dans leurs diversités.

Ouvrage publié sous la direction de Laurent Jalabert (Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, chercheur au laboratoire ITEM, EA 302) avec les contributions de José Cubero,
Michèle Degorce pour le Collectif sur la mémoire du camp du Polo à Bayonne, Mixel Esteban, Laurent Jalabert et Claude Laharie.

Voir le site « Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris » et l'Exposition « Derrière les barbelés de Beyris »

Le Camp du Polo de Beyris : Frontstalag 222
L’offensive allemande de mai-juin 1940 se solde par l’écrasante défaite que l’on sait. Apparaissent alors en zone occupée les Frontstalags, camps ouverts essentiellement en France et en Pologne, destinés aux soldats prisonniers issus des colonies françaises.
En avril 1941, on en dénombre 22 en zone occupée qui concernent pas moins de 69 000 prisonniers "indigènes", parmi lesquels 50 000 Nord-Africains, 16 000 Sénégalais (incluant des Soudanais, Togolais et Voltaïques) et 3 000 Malgaches et Indochinois.
L’Allemagne nazie renvoyait les prisonniers de guerre noirs et maghrébins de l’Armée française dans la zone occupée française, le plus rapidement possible par peur de maladies tropicales ou d’atteinte à la "pureté du sang aryen".
Les prisonniers qui dépendent du Frontstalag 222 (Camp du Polo de Beyris) sont soumis au travail forcé (Mur de l’Atlantique, dépôts de munitions, terrassements, travaux forestiers) et répartis en différents kommandos allant d’Hendaye jusque dans les Landes.
Les conditions d’internement sont très dures : froid, nourriture insuffisante, manque de soins…
40 de ces prisonniers ont été enterrés au cimetière Louillot d’Anglet, 102 au cimetière Saint-Léon de Bayonne. Les causes de décès sont en majorité dues à la maladie (tuberculose surtout), mais aussi aux tentatives d’évasion ou accidents de travail.
Dans le cimetière de quelques villages des Landes, des stèles ou plaques commémorent des prisonniers coloniaux qui dépendaient du Frontstalag 222.
Mais à Bayonne, Anglet ou au quartier Beyris, rien ne rappelle les souffrances endurées par ces prisonniers "indigènes" oubliés.
Les gardiens de ces camps sont des sentinelles allemandes, souvent anciens combattants de 14-18, et relativement cléments à l’égard des prisonniers.
A partir de janvier 1943, devant les besoins du front de l’Est, la Wehrmacht mobilise tous ses moyens et le gouvernement français répond favorablement à la demande allemande de faire assurer la garde dans certains Frontstalags par des officiers français.
"Ce transfert crée une situation inédite et suscite des interrogations puisque les anciens officiers français des troupes indigènes deviennent subitement leurs geôliers.
Ceci accroîtra la démoralisation des prisonniers ainsi que le sentiment d’avoir été trahis au nom d’une raison d’Etat" selon l’historienne Armelle Mabon.
Le 22 août 1944 le Frontstalag 222 de Beyris est libéré et vidé de tous ses occupants.