Raymond Gallois Montbrun (1918-1994)
Polymnie POL580429

2004
DDD 63:05 / Livret Français-Anglais

 

 

 

Raymond Gallois Montbrun

Raymond Gallois Montbrun est né à Saïgon en 1918. Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où il obtient les premiers prix de violon, d'harmonie, de fugue et contrepoint, de composition, il reçoit, en 1944, le Premier grand prix de Rome de composition musicale. Après un séjour à la Villa Médicis (1946-1948), il se consacre à la double carrière de violoniste et de compositeur. En qualité d'interprète, il donne de nombreux concerts en Europe, en URSS, en Afrique du Nord, au Moyen et en Extrême-Orient, notamment au Japon. A ce titre, on peut dire qu'il a largement contribué à la diffusion de la musique française qu'il inscrivait régulièrement à ses programmes. Pédagogue, il donne de nombreux cours de violon, d'écriture et de composition à l'Institut français de Tokyo (1952-1954), ainsi que des conférences au Japon, en Allemagne, au Canada, sur l'enseignement musical français. De 1957 à 1962, R. Gallois Montbrun est en charge de l'Ecole nationale de musique et d'art dramatique de Versailles à laquelle il donne élan et prestige. Nommé en 1963 par André Malraux à la tête du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, il déploya - pendant 21 ans - tous ses efforts pour réorganiser le grand établissement et fortifier sa vocation pédagogique : multipliant les classes, introduisant la recherche électro-acoustique, instituant un cycle d'études de perfectionnement, favorisant les échanges avec l'étranger. Avec la détermination courtoise qui le caractérisait, R. Gallois Montbrun fit du Conservatoire un véritable creuset où se développèrent les vocations les plus prometteuses. A la recherche constante de nouveau talents, R. Gallois Montbrun appartint à de nombreux jurys internationaux, notamment celui du Concours Marguerite Long - Jacques Thibaud dont il fut le directeur artistique en 1985, puis président du Comité directeur à partir de 1992. Compositeur, on lui doit une Symphonie japonaise, un Concerto pour violon et orchestre, Trois mélodies avec orchestre, le Rossignol et l'Empereur, opéra radiophonique, Mosaïque pour piano et diverses pièces instrumentales. Acteur important de la vie musicale française, R. Gallois Montbrun, Officier de la Légion d'Honneur, Officier dans l'Ordre national du Mérite, Commandeur des Arts et des Lettres, fut élu, le 5 mars 1980, membre de l'Académie des Beaux-Arts, au fauteuil de Paul Paray. En 1985, il fut président de l'Académie des Beaux-Arts et Président de l'Institut. Il est mort le 13 août 1994, à Paris.

Bernard Zehrfuss, ancien Secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts.
 

Douze Etudes-Caprices de concert pour violon

Les Douze Etudes-Caprices de concert sont - à notre avis - l'équivalent, pour notre époque, des Vingt-quatre Caprices de Paganini. Elles sont si bien écrites pour l'instrument que leur extrême difficulté n'apparaît pas vraiment à l'audition. On peut ne retenir que le constant jaillissement de musique dont elles sont porteuses. Citons Les Doubles-Cordes, avec leur thème au doux balancement et aux modulations savoureuses, Le Ricochet, auquel la sourdine donne une heureuse sonorité métallique et qui enrobe de ses sextolets bondissants un long thème caressant. Les Harmoniques, où défile de façon particulièrement ingénieuse, tout le catalogue des sons harmoniques possibles - lesquels donnent naissance à un thème de flutiau délicieusement modal. Citons encore Les Pizzicati bien campés dans leur 7/8 ; enfin, La Sonorité dont le premier tiers est conçu en fonction des cordes graves sol et ré. Le retour du thème s'effectue en doubles cordes, la partie inférieure déroulant sous le thème un vibrant contrepoint. Des arabesques virevoltent autour du troisième retour du thème - lequel atteint, pour sa dernière apparition, des hauteurs vertigineuses.

Les Sept Péchés Capitaux pour voix élevées et piano

Texte de Pierre Dumayet

Dans cette œuvre, apparaît un tout autre aspect de la personnalité de R. Gallois Montbrun : l'humour. Ces brefs tableaux, aux couleurs contrastées, épousent parfaitement le texte de P. Dumayet. Toute poésie en est volontairement exclue, au bénéfice d'un froid constat, exprimé dans le langage de tous les jours, et souvent à la première personne. Tableaux indochinois pour quatuor à cordes Violoniste hors pair, compositeur au talent profondément original mais largement méconnu, Raymond Gallois Montbrun a reculé très loin les limites de l'écritures des instruments à cordes.

Les Tableaux indochinois pour quatuor à cordes nous en offrent un exemple frappant. L'œuvre s'ouvre sur une pièce intitulée Descente du courant. Un thème à la dynamique irrésistible s'impose dès les premières mesures et ne nous laisse ensuite aucun répit. Le seul moment de détente relative nous est apporté par un second thème, à la couleur puissamment orientale, tout en pizzicatos et glissandos. Le fond du décor est constitué de battements réguliers de col legno (rebondissement du bois de l'archet sur les cordes), évoquant on ne sait quel instrument de percussion. L'écriture du second mouvement - Offrande des Cierges (Cour d'Amour) - plus traditionnelle, est faite d'un subtil faisceau de lignes contrapuntiques. Enfin, Course de pirogues nous précipite dans un tourbillon irrésistible qui aboutit, pour finir, à un véritable déchaînement instrumental.

Claude Pascal