Joseph Schmidt (4 mars 1904, Dawideny, Bukovine - 16 Novembre 1942, Camp de Girenbad (ou à proximité), Suisse)

Joseph Schmidt est né en 1904 dans la petite ville de roumaine de Davidende (Bukovine). Il avait deux sœurs aînées, Regina et Betty.
Enfant de parents  musiciens, Sarah et Wolf Schmidt, issus d'une communauté juive traditionnelle,  il a été influencé par de nombreuses cultures .
A la maison, ils parlent roumain, allemand à l'école et parce qu'ils étaient juifs, il a également appris l'hébreu. Déjà  enfant, Joseph Schmidt chante en la synagogue.
Sa première formation vocale a été comme cantor (Chazzan) de la synagogue de Cernowitz. Son premier récital à l'Académie en Cernowitz inclus des airs de Puccini, Verdi, Rossini et Bizet. 
À partir de 1924 il  étudie le chant à la Königliche Musikschule à  Berlin (l'école royale du chant) chez Hermann Weißenborn. Il a 20 ans. Il étudie le piano avec Mme le Dr Jaffe et le professeur Hermann Weissenborn.
Il a été enrôlé pour le service militaire de 1926 à 1929. 
Après une décharge il a  accepté un poste de cantor à la synagogue de Cernowitz. Bientôt sa réputation attire l'attention de Cornelius Bronsgeest, un célèbre baryton.

Schmidt commença à se produire dans des concerts lyriques en 1929. Il a fait plusieurs tournées  dans le monde , Londres, Vienne, Budapest, Cuba, le Mexique et plusieurs fois aux États-Unis.
Il aurait pu être un Caruso ou un Pavarotti, s’il n’avait mesuré un mètre cinquante. « Quel dommage que vous ne soyez pas petit », lui avait dit un jour Leo Blech, le chef d’orchestre. « Mais je suis petit », avait-il répondu. « Non, vous n’êtes pas petit, avait repris Blech, vous êtes extrêmement petit ! » Faute de jouer sur les scènes d’opéra, Schmidt se fit un nom grâce à la radio, au disque et au cinéma. Ses films chantants, « Ein Lied geht um die Welt », dont la partition figure sur ce timbre émis par l’Allemagne le 11 mars 2004, ou « Ein Stern fällt vom Himmel », furent d’immenses succès. Il donna des concerts à Tel-Aviv, à New York et en Amérique du Sud, fit une tournée triomphale en Hollande, en Belgique et en Suisse.

En 1937, âgé de 33 ans, Schmidt  monta pour la première fois sur la scène du Carnegie Hall de New York, il fuyait les nazis depuis quatre ans.
Il s’était exilé d’Allemagne en 1933 et avait trouvé asile à Vienne. Le chanteur devenu célèbre par les ondes avait fait sa dernière émission sur une radio allemande le 20 février 1933, trois semaines après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. 

Le 10 mai de la même année, lendemain de l’éclatante première de son film « Ein Lied geht um die Welt » « Une chanson fait le tour du monde » au
Ufa-Palast Berlin, il n’y eut pas que des livres qui brûlèrent... On s’amuse pendant tout le film...  Il est petit, le chanteur, si laid. 
Mais il a tellement de talent, il est si touchant, aucun ange n’est plus pur… Et ce qu’on ne dit pas, mais ce qui est encore plus flagrant, c’est qu’il s’agit d’un juif. »
Quatre ans plus tard, alors que ses disques étaient depuis longtemps mis à l’index, les nazis interdisent le film « Ein Lied geht um die Welt ». Durant les dernières années de sa vie, ses performances ont été principalement concentrées en Belgique, en France et aux Pays-Bas, où il a effectué de nombreuses tournées. Il était très populaire aux Pays-Bas. La chanson "Ik hou van Holland"- chanté en langue néerlandaise est une preuve évidente de cette situation. 
En mars 1938, peu de jours avant « l’Anschluss » de l’Autriche par l’Allemagne d’Hitler, Joseph Schmidt fuit en Belgique. Son rêve se réalisa : En 1939, à Bruxelles, il joua pour la première fois dans un opéra « La Bohème ». À ce moment-là, il était interdit de paraître en Allemagne et en Autriche, mais a été chaleureusement accueillie en Belgique et aux Pays-Bas. Un an plus tard, les Allemands sont en Belgique, et c’est de nouveau la fuite. Destination provisoire, la France.  En novembre 1940, son arrivée est signalée à Lyon. Mais les troupes allemandes avancent. Joseph Schmidt se rend à Nice, dans le Sud de la France : le cercle se referme. Un départ pour l’Amérique du Sud échoue. Le bateau qui devait effectuer la traversée reste bloqué dans le port de Marseille.
La tentative de passer légalement du Sud de la France dans la Suisse neutre est aussi un échec, mais il parvient finalement à passer la frontière illégalement le 8 octobre 1942.
Malgré sa notoriété et son visa américain, il est arrêté à Zurich, dans le plus grand dénuement. Il est interné au camp de Gyrenbad près de Zurich avec trois cent cinquante autres réfugiés juifs. Cette Suisse-là n’était pas celle du chocolat et des pistes de luge : le régime y était particulièrement sévère et le commandant était particulièrement teigneux - « un vrai chien », écrivait Schmidt dans ses lettres. Les appels nocturnes en pyjama dans la neige, le manque de nourriture, les travaux forcés et l’absence de soins eurent vite raison du petit homme.

Schmidt fit un malaise cardiaque. Envoyé à l'infirmerie, il fut traité de simulateur et remis à creuser des tranchées. De santé fragile, il meurt un mois plus tard. L’inscription du registre des décès dit :  "Lundi, 16 novembre 1942, Schmidt Joseph – 38 ans, 12 jours, apatride". La « Neue Zürcher Zeitung » note dans ses faits divers : "Ce lundi, est mort dans un camp d’internement suisse, le ténor qui s’était rendu célèbre par le film « Une chanson qui fait le tour du monde »" Et tandis que les mélomanes du monde entier écoutaient ses trilles sur leurs 78 tours Telefunken, Odeon ou Parlophone, il mourut, seul et misérable  Il avait trente-huit ans.

En 1947, sa mère vint récupérer quelques vêtements et une montre en or, cadeau d’une maison de disques. Sur sa tombe, au cimetière juif de Zürich, elle fit inscrire : « Ein Stern fällt ».

Considéré comme l’un des plus grands ténors des années trente, Joseph Schmidt montra très tôt d’étonnantes qualités vocales. Il devint chantre de la synagogue de Davideny, sa ville natale de Bukovine, et se fit connaître dans la région par des petits récitals d’ariettes napolitaines et de folklore yiddish. Un oncle fortuné l’ayant fait venir à Berlin, il put perfectionner son répertoire classique tout en occupant un poste de hazan à la synagogue Adath Isroel.

Jusqu’en 1998, l’amateur de hazanout qui voulait écouter du Joseph Schmidt devait se contenter de repiquages médiocres, émaillés de bruits de surface, de souffles et de craquements. C’est la découverte, à Sydney, d’un enregistrement de haute qualité rapporté en 1939 par le chef d’orchestre Herman Schildberger qui a permis à cette musique synagogale que l’on croyait à jamais perdue d’être aujourd’hui disponible sur CD. Évidemment, les airs grandioses de la liturgie allemande réformée y sont chantés en allemand et s’inspirent de Beethoven, de Schubert et de Handel ; mais, tout de même, quelle voix !

Extrait de L’Arche n°559, octobre 2004
Numéro spécimen sur demande à info@arche-mag.com

 

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