Marcel Rubin (7 July 1905 - 12 May 1995) Symphony No.4 'Dies Irae' ASO 801984 American Symphony Orchestra Leon Botstein, Conductor 23 Jul 2010 29:19 |
1. Kinderkreuzzug 13:11 |
2.Dies irae - Allegro deciso 11:27 |
3.Pastorale - Andante 4:41 |
Notes de Judith Kim, violoniste et de Sydney Link, altiste
Le compositeur À ses débuts, le compositeur
viennois Marcel Rubin (1905-1995) a élu domicile dans de nombreux endroits,
recueillant l’influence des cultures qu’il a rencontrées. Après de brèves études
avec Franz Schmidt, il fuit les nazis en émigrant d’abord à Paris, où il étudie
avec Darius Millhaud, puis à Marseille. Après son séjour en France, il s’est
rendu à Mexico, où il a été répétiteur à l’opéra tout en profitant de l’occasion
pour diriger et interpréter ses propres compositions. Rubin retourna en Autriche
en 1947, une fois la guerre terminée, et il continua à composer et à critiquer
de la musique. Sa production créative est prolifique et diversifiée.
Contrairement à d’autres compositeurs allemands de son époque, le style de Rubin
se concentre sur des séquences rythmiques et des lignes mélodiques plutôt que
sur des harmonies complexes.
Pendant son séjour au Mexique, entre 1943 et 1945, Rubin compose sa Quatrième Symphonie, qui portera plus tard le titre de Dies irae, ou jour du jugement. Le « Dies irae » est une séquence de la messe romaine de Requiem pour les morts, et est couramment inclus dans les Requiem musicaux, tels que ceux de Mozart et Verdi. Cette symphonie est devenue le reflet de ses expériences de la Seconde Guerre mondiale. Dans les premières versions de la symphonie, ses deux premiers mouvements dépeignaient les horreurs de la guerre, tandis que les deux mouvements suivants évoquaient le rêve de la paix, ce qui lui a valu son titre original, Guerre et Paix. Plus tard, il écartera les deux mouvements positifs et les remplacera par un mouvement pastoral modéré, concluant de manière contemplative. Le nouveau titre, Dies irae, établit un parallèle entre la guerre et la fin du monde, invoquant le chant grégorien comme base des deuxième et troisième mouvements.
Le premier mouvement est une marche funèbre inspirée de la ballade déchirante de Bertolt Brecht « Kinderkreuzzug 1939 », qui raconte l’histoire tragique d’enfants perdus et affamés confrontés à un hiver rigoureux. Dans la partition, Rubin a inclus quatre strophes du poème de Brecht, que vous trouverez ci-dessous. Un alto solo chante un thème mélancolique qui va crescendo dans une entrée orchestrale en fanfare. Après le thème principal, une section animée se déploie comme un épisode central. Le mouvement s’achève sur une reprise presque inaudible de la mélodie principale. Le deuxième mouvement du « Dies irae » évoque les horreurs de la guerre. Le mouvement commence par des fanfares qui précèdent le thème principal du Dies irae. Ce thème se fracture progressivement rythmiquement, et de brefs moments de tranquillité émergent à travers la mélodie du violon solo, offrant des aperçus fugaces de paix interrompus par la dissonance. L’influence du Dies irae se poursuit dans la fin pastorale en sourdine de la symphonie. Des variations mènent à un passage serein à la flûte qui se termine par une question persistante, invitant à la contemplation et à la possibilité d’un avenir meilleur.
Quatre strophes de « Kinderkreuzzug 1939 » de Bertolt Brecht
Traduction anglaise, « Children’s Crusade 1939 », de Hans Keller
Traduction française "Microsoft Espression Web 4"
Schnee fiel, als man sich’s erzählte in einer östlichen Stadt von einem Kinderkreuzzug, der in Polen begonnen hat. |
Snow fell as they told one another, there in an Eastern town, about a children’s crusade: deep in Poland, wand’ring round. |
La neige tombait alors qu’ils se racontaient l’un à l’autre, |
Da trippelten Kinder hungernd in Trüpplein hinab die Chausseen und nahmen mit sich andere, die in zerschossenen Dörfern stehn. |
Lost children were scuttling, hungry; in little formations were seen. There they gathered with others, standing where villages once had been. |
Les enfants perdus se précipitaient, affamés ; en petites formations ont été vus. Là, ils se sont rassemblés avec d’autres, se tenant là où se trouvaient autrefois des villages. |
Sie wollten entrinnen den Schlachten, dem ganzen Nachtmahr, und eines Tages kommen in ein Land, wo Frieden war… |
They wanted to fly from the fighting, let the nightmare cease; and one fine day they’d come upon a land where there was peace. |
Ils voulaient fuir les combats, que le cauchemar cesse ; Et un beau jour, ils étaient arrivés dans un pays où régnait la paix. |
Wo einst das südöstliche Polen war bei starkem Schneewehen hat man die fünfundfünfzig zuletzt gesehn. |
Where once the south-east of Poland was, in raging blizzard keen, there were our five-and-fifty last to be seen. |
Là où se trouvait autrefois le sud-est de la Pologne, dans un blizzard déchaîné, il y avait nos cinquante-cinq derniers à voir. |