 Présentation La vie d'Arthur Koestler a longtemps ressemblé à l'un de ces films muets où le héros bondit en accéléré d'une aventure à une autre. Au fil de ses passions puis de ses ruptures, Koestler a toujours participé au monde. Des camps d'internement français de la seconde guerre mondiale aux prisons de la guerre civile espagnole, en passant par la Palestine des pionniers sionistes, une expédition polaire en zeppelin, l'URSS de Staline... Dans la seconde moitié de sa vie, l'odyssée intellectuelle prend le pas sur l'engagement politique. L'aventure n'en est pas moins agitée. Koestler s'intéresse à tout, et écrit sur tout, ce qui entraîne souvent l'accusation de dilettantisme à son sujet: le processus de la création, les effets de l'évolution sur le cerveau humain, le paranormal, la synchronicité... Koestler répond (ou essaie de répondre) à ces questions d'une façon différente. Ce qui amène parfois les théories les plus intéressantes, parfois les plus fantaisistes, mais a toujours le mérite d'offrir matière à réflexion - et à controverse. Auteur reconnu dans les pays anglo-saxons, Arthur Koestler reste relativement ignoré en France. Il est sans doute victime, à l'instar d'Orwell et de son "1984", de l'immense succès d'un de ses premiers livres, "Le zéro et l'infini", qui a porté de l'ombre au reste de l'oeuvre. Il a également été prisonnier d'une sorte de purgatoire intellectuel dans lequel l'a longtemps gardé une certaine intelligentsia marxiste: il incarnait le "renégat", celui qui avait brûlé le communisme après l'avoir adoré. Il n'était pourtant ni le premier ni le seul, mais ses écrits sur le régime stalinien avaient à l'époque fait un bruit en France que l'on a maintenant oublié. Cette ignorance relative peut enfin s'expliquer par le côté schématique de ses romans dans lesquels les personnages ne sont souvent que prétextes à des idées. A l'exception de "Le zéro et l'infini" et des "Call Girls", ses fictions souffrent de cette faiblesse et ont mal supporté le temps. En revanche, ses essais et autobiographies restent brillants et captivants. Interrogé sur son "savoir-faire", Koestler cernait lui-même ce qui fait les qualités de ses essais: "Je crois savoir rendre de façon relativement simple des notions scientifiques complexes et difficiles. Une sorte de tour de main pour trancher dans l'abstraction jusqu'à la moelle, lui retirer sa graisse. Une certaine clarté qui, je l'espère, n'est pas superficielle. Le goût des bonnes métaphores qui donne une image visuelle des concepts les plus abstraits". Simple mais jamais simpliste, Koestler possèdait un talent extraordinaire: dire des choses intelligentes d'une manière simple. Chronologie 1905 - 3 septembre.Naissance à Budapest de Arthur Köstler, fils de Henrik Köstler et de Adela Jeiteles. 1919 - La famille Köstler s'installe à Vienne. 1922 - Arthur Köstler commence des études d'ingénieur. Il evient membre, en septembre, de l'Association universitaire Unitas, fraternité sioniste. 1925 - Arthur Köstler abandonne ses études d'ingénieur. 1926 - avril. après avoir obtenu un certificat d'immigration, Arthur Köstler part pour la Palestine. Après avoir travaillé un mois dans une ferme collective, il lance à Haïfa un heddomadaire hébreu, Zafon... dont il est le seul journaliste. C'est durant cette période que, faute de tréma sur sa machine à écrire, il change son nom de Köstler en Koestler. 1927 septembre. Il devient correspondant étranger à Jérusalem pour le Nil und Palestina Zeitung. 1929 - juillet. Il est muté à Paris où il travaille comme correspondant pour divers journaux allemands. 1930 - Arthur Koestler devient rédacteur scientifique du Vossische Zeitung et retourne à Berlin en septembre. 1931 - Il participe en tant que journaliste scientifique à l'expédition polaire du Graf Zeppelin. En décembre, il adhère au parti communiste allemand. 1932 - Officiellement comme journaliste en visite, en fait pour le compte de l'Agitprop Komintern, Arthur Koestler part en URSS pour écrire un livre sur le premier Plan Quinquennal. Il assiste à Achkhabad à un procès d'épuration, prélude des purges futures. 1933 - août. Koestler quitte l'URSS avec ordre du Komintern de rallier Paris, où il travaille pour divers journaux. 1936 - Koestler effectue deux séjours en Espagne en tant que correspondant du News Chronicle pour couvrir le soulèvement militaire. 1937 - janvier. Il retourne en Espagne comme correspondant de guerre du News Chronicle et de l'Agence Espagne, agence de presse du gouvernement républicain. Février: il est arrêté par les phalangistes et emprisonné, puis condamné à mort. Il est libéré en mai, suite à une campagne de presse en sa faveur, pour être échangé contre un otage des Républicains. 1938 - Parution de son livre "Un testament espagnol" qui relate son expérience dans les geôles espagnoles. En été, peu après l'exécution de Boukharine, Koestler rédige sa lettre de rupture avec le parti communiste. Il entame la rédaction de "Le zéro et l'infini". 1939 - octobre. Un mois après la déclaration de guerre, Koestler est arrêté à son domicile parisien comme "suspect politique" par la police française. Il est transféré peu après au camp du Vernet d'Ariège, en compagnie de quelques centaines "d'indésirables", communistes ou républicains espagnols. 1940 - Il est relaché du Vernet grâce à l'intervention d'un membre de l'Intelligence Service, mais astreint au "régime des sursis". Il termine "Le zéro et l'infini" un mois avant l'invasion allemande. Arrêté de nouveau, il parvient à s'échapper, gagne Marseille, Casablanca, puis l'Angleterre où paraît, en fin d'année, "Le zéro et l'infini". 1941 - Tout en écrivant "La lie de la terre", à propos de son internement au Vernet, puis "Croisade sans croix", un roman, il est employé par le Ministère de l'Information pour participer à la propagande anti-nazi. 1944 - décembre. Koestler s'embarque pour la Palestine, officiellement comme correspondant du Times, en fait chargé par Weizman de gagner les groupes terroristes juifs à l'idée de la partition. 1945 - Parution de "Le Yogi et le Commissaire", un recueil d'essais. En août, Koestler quitte la Palestine pour l'Angleterre et y rédige pour le Times des articles exposant le dossier arabe et le dossier juif en Palestine. 1948 - Arthur Koestler est naturalisé sujet britannique. Après la proclamation d'indépendance de l'Etat d'Israël et le début de la guerre israélo-arabe, il part pour Israël en tant que correspondant de guerre de trois journaux. En fin d'année, il quitte Israël pour la France, s'installe près de Fontainebleau et entame la rédaction de "Analyse d'un miracle: la naissance d'Israël". 1950 - Arthur Koestler épouse Marmaine Paget. 1954 - Après avoir terminé les premiers volumes de son autobiographie, Koestler travaille à "L'ombre du dinosaure", recueil d'essais dans lequel il fait ses adieux à la politique. 1955 - De retour en Angleterre après un séjour aux Etats Unis, il participe au lancement de la campagne contre la peine de mort et écrit "Réflexions sur la peine capitale". 1958 - Il termine "Les somnambules", essai sur l'évolution des concepts de l'univers depuis Babylone jusqu'à la Renaissance, centré sur Johannes Kepler. 1959 - Koestler voyage en Inde puis au Japon, voyage qui servira de base au livre "Le lotus et le robot", dans lequel il se livre à une analyse critique de la mystique indoue et du zen japonais. 1960 - Il entreprend la rédaction de "Le cri d'Archimède", théorie de la création artistique et de la découverte scientifique. 1965 - Koestler épouse Cynthia Jefferies et commence "Le cheval dans la locomotive", troisième volet de sa trilogie "Génie et Folie de l'Homme". 1969 - Il entame l'écriture de "Les call girls", satire des congrès scientifiques. 1971 - Arthur Koestler écrit "Les racines du hasard", recueil d'essais inspiré pour partie par un ouvrage de Kammerer sur les coïncidences. 1974 - Il écrit "La treizième tribu" et est élu compagnon de la Royal Society of Literature. 1977 - Koestler est atteint de la maladie de Parkinson. 1978 - Dans "Janus", Koestler résume et complète sa trilogie "Génie et Folie de l'Homme". 1981 - Koestler apprend qu'il est atteint d'une leucémie lymphoïde. Il devient vice-président d'Exit, the Voluntary Euthanasia Society. 1983 - Cynthia et Arthur Koestler se suicident ensemble à Londres. Arthur Koestler lègue plus de 400.000 livres sterling pour "encourager l'étude des phénomènes psychiques", somme qui servira à créer une chaire de parapsychologie à l'Université d'Edimbourg. Bibliographie Romans 1932 - Au chat qui louche (Wie ein Mangobaumwunder) 1939 - Spartacus (The gladiators) 1941 - Le zéro et l'infini (Darkness at noon) 1943 - Croisade sans croix (Arrival and departure) 1946 - La tour d'Ezra (Thieves in the night) 1951 - Les hommes ont soif (The age of longing) 1972 - Les call-girls (The call-girls) Ecrits autobiographiques 1938 - Un testament espagnol (A Spanish testament) 1941 - La lie de la terre (Scum of the Earth) 1950 - Le dieu des ténèbres (The god that failed) 1952 - La corde raide (Arrow in the blue) 1954 - Hiéroglyphes (The invisible writing) 1983 - L'étranger du square (Stranger on the square) Essais 1945 - Le Yogi et le Commissaire (The Yogi and the Commissar) 1949 - Analyse d'un miracle: naissance d'Israël (Promise and fullfilment) 1949 - Insight and outlook 1955 - L'ombre du dinosaure (The trail of the dinosaur) 1956 - Réflexions sur la peine capitale (en collab. avec Albert Camus) 1959 - Les somnambules (The sleepwalkers) 1963 - Suicide d'une nation (Suicide of a nation) 1964 - Le cri d'Archimède (The act of creation) 1967 - Le cheval dans la locomotive (The ghost in the machine) 1968 - Le démon de Socrate (Drinkers of infinity) 1969 - Beyond reductionism 1971 - L'étreinte du crapaud (The case of the midwife toad) 1972 - Les racines du hasard (The roots of coincidence) 1973 - Le hasard et l'infini (The challenge of chance) 1974 - Face au néant (The heel of Achilles) 1976 - La treizième tribu (The thirteenth tribe) 1978 - Janus (Janus: a summing up) Quelques Livres - Le zéro et l'infini - Les call-girls - Le cheval dans la locomotive - Les somnambules - Au chat qui louche (La République des Lettres)
Le zéro et l'infini
Les call-girls
Le cheval dans la locomotive |