Léon Kartun (Pianiste, Arrangeur, Compositeur)

30 juin 1895, Paris, France
ca. 1982

Né en juin 1895 à Paris, Léon Kartun entre au Conservatoire de Paris en 1911 dans la classe de Louis Diémer et obtient le premier prix de piano en 1912. Dès 1918, il joue dans les Concerts Colonne, et donne plus de 25 récitals à Paris et lors fait de nombreuses tournées en France et à l'étranger.
Léon Kartun possédait un large répertoire et il arrange plusieurs pièces pour piano. Il gagne rapidement une réputation de virtuose.
Dans les années 1920-30, il enregistre des œuvres de François Couperin, J.S. Bach, Domenico Scarlatti, Jean-Philippe Rameau, W.A. Mozart, Carl Maria von Weber, Felix Mendelssohn, Frédéric Chopin, Franz Liszt; Johannes Brahms, Maurice Ravel, Gabriel Faure, Isaac Albéniz, et Manuel De Falla.
En août 1924 il joue un concerto pour piano de J.S. Bach au "Proms" de Londres sous la direction de Henry J. Wood. En 1928, il compose "Quinze exercices pour piano" (Éditions Alphonse Leduc). Il se produit fréquemment en duo, notamment avec le célèbre violoniste Georges Enesco (1881-1955).
Il dirige également l’orchestre de jazz « Léon Kartun et son orchestre ». Stéphane Grappelli (1908-1997) et Michel Warlop (1911-1947 sous le pseudonyme de Waclaw Niemczyk) étaient violonistes dans son orchestre.
Il enregistre en 1934 Knick Knack Blues; Heureux, Joyeux, Amoureux; Golden March et Waiting for you. (Sous le pseudonyme de Henry Atkins).

Pendant la guerre, il est arrêté en juillet 1942 à Hagetmau (Landes), interné au Camp de Beaudésert (Mérignac, Gironde), puis à Drancy à partir du 26 août. Une semaine plus tard, il est transféré à Pithiviers, puis à Beaune-la-Rolande le 25 septembre 1942.
Affaibli, il est longuement hospitalisé à l'hôpital de Pithiviers, de septembre 1942 à mars 1943.
Marié depuis 1922 à une femme non juive, donc « conjoint d’aryenne », Léon Kartun est « provisoirement non déportable ». Transféré de camp en camp, il échappe régulièrement à la déportation vers l’Est.
Il reste ainsi plusieurs mois au camp de Beaune-la-Rolande.

« Kartun, stoïque et amer, était préposé tous les matins au ramassage des ordures. Je le voyais arriver de loin, avec deux camarades qui tiraient le tombereau. Kartun avait de gros gants fourrés avec lesquels il essayait de protéger ses mains, ses précieuses mains de pianiste qui, jadis,
tant de fois dans Paris, nous avaient valu des heures d’enchantement… (…) Kartun, négligemment, de son unique main gantée, ramassait les détritus… « Poum, poum, poum », chantonnait-il distraitement. Et je savais qu’il composait sa symphonie ».

Madeleine Fauconneau du Fresne
De l’enfer des hommes à la cité de Dieu, Éditions SPES, 1947
[Préface de Yvonne Netter]

De retour à Drancy le 12 juillet 1943, Léon Kartun est transféré à Cherbourg le 16, puis déporté du 12 août 1943 au 2 septembre 1944 sur l’Ile anglo-normande d’Aurigny (Alderney) où l’organisation Todt a besoin de main-d'œuvre pour la construction du Mur de l’Atlantique.
Comme ses camarades, soumis au travail forcé, aux privations, aux humiliations et aux brutalités de ses gardiens, le pianiste porte des sacs de ciment pour la construction de fortifications, 12 à 15 heures par jour, sous la menace des coups, par tous les
temps. Il va pourtant jouer un soir.

« Aujourd’hui nous n’avons pas travaillé et ce soir nous avons un concert pour la première fois que nous sommes dans l’île, c’est une grande détente surtout que nous avons parmi nous Léon Kartun,
célèbre pianiste de réputation mondiale. Il va jouer ».

Abraham Noz, lettre du 30 janvier 1944, Aurigny.

Évacué sur le continent par les Allemands, en mai 1944, Léon Kartun s’évade de Questrecques (Pas-de-Calais) début septembre.
En 1949, il témoigne lors du procès des deux SS responsables du camp de Nordeney à Aurigny.

« Je dois à la vérité de dire que, personnellement, je n’ai pas eu le crâne défoncé, je n’ai pas été blessé, mais j’ai subi le régime d’abrutissement scientifique de l’Allemagne.
Certains de mes camarades ont peut-être été plus malheureux que moi, en ce sens qu’ils ont eu le bras cassé, qu’ils ont été blessés.
Moi personnellement, j’ai subi le régime normal, c’est-à-dire le coup de matraque quotidien, 12 à 14h de travail par jour, etc. »

Léon Kartun, témoignage lors du procès Evers-Adler, 1949.

Après la guerre, il enregistre peu. Le dernier enregistrement connu date de 1957
Il fait une tournée en France, Suisse et Belgique. Plus de soixante concerts sont donnés au profit de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés Internés, Résistants et Patriotes).
Il compose des études pour piano, Caprice rythmique pour le piano, sur un motif de Paganini en 1948 (Éditions Salabert) qu'il jouera lors d'un concert à Roubaix en 1949 et enregistrera plus tard.
Ce thème inspira F. Liszt, J. Brahms, Sergei Rachmaninov and W. Lutoslawski (Variations sur un thème de Paganini pour deux pianos).
Il réalise également des arrangements pour piano d'œuvres de J.S. Bach.
Kartun écrit "Synthèse de la technique quotidienne du piano". (142 exercices résumant toutes les difficultés) et édite 36 sonates de Domenico Scarlatti.

En octobre 1947, un concert est organisé dans la Salle Braun de Metz, auquel assiste le maire, le directeur de cabinet du Préfet, le représentant du Gouverneur Militaire de la région, ainsi que le Dr. Burger, Président départemental de la FNDIRP.
Le critique musical du quotidien Le Lorrain en fait un compte rendu très élogieux, regrettant seulement que le piano ne soit pas à la hauteur de l'artiste. Kartun revient à Metz en Octobre 1950, lors du Festival Beethoven, où il joue 5 des sonates pour piano du compositeur.
Il décède en 1982. On ne sait rien de ses 25 dernières années d'existence

Autres compositions :

Pièces de caractère
Exercices Techniques Transcendants (1928)
Exercices
Jeu de Quartes
Pièces à titre
Poème Rapsodique pour piano et orchestre (1935)
Autres pièces concertantes pour piano



Sources :
http://www.bach-cantatas.com/Bio/Kartun-Leon.htm

Concert programme given by Kartun and Enesco in Paris (1923), tranlasted from French by Kevin Kartun
Le Republicain Lorraine Web site
Bits & pieces from various sources
Contributed by
Dr Kevin Kartun
: FAusIMM (Karmar Mining Services Pty Ltd, Lane Cove West, NSW, Australia)
Henri Musielak (Proms 1924 & Tunis Symphony 1948 posters, January 2013) - (Photo 02 & addition to bio, August 2013)
Aryeh Oron (January 2013)

 

Enregistrements d'œuvres pour piano seul
K-1 J.S. Bach: Bourree de la 2eme suite anglais; Chopin: Fantaisie Impromptu
English Suite No. 2 in A minor, BWV 807 : Bourrees 1-2 []
Léon Kartun (Piano)
Odéon 171.065 [mx: xxP.6676/6677] May 24, 1928 12” 78 rpm
Recorded in France.

 

K-2 Rameau: Gavotte Variee; Bach: Prelude en la mineur
Prelude in A minor, BWV ___
Léon Kartun (Piano)
Odéon 171.070/171.05 [mx: xxP.6704/6705] Jul 19, 1928 78 rpm
Recorded in France.

 

K-3 J.S. Bach: Capriccio  
Capriccio, BWV ___ []
Léon Kartun (Piano)
Odéon 166104 [mx: Ki.2144] Jan 21, 1921 78 rpm
Recorded in France.

 

K-4 Leon Kartun Recital: Panorama Pianistique No. 1
Partita No. 2 in C minor, BWV 826: Caprice []
Bach-Kartun: Chorale Jesu Bleibet meine Freude (Mvt. 10) from Cantata BWV 147, transcribed for piano []
Bach-Kartun: Sinfonia (Mvt. 1) from Cantata BWV 29, transcribed for piano []
Léon Kartun (Piano)
Elka 1957 ? LP / TT:
Recorded in France.

 

Recordings of Arrangements & Transcriptions
T-1 J.S. Bach: Toccata et fugue en ré mineur
Bach-Kartun: Toccata & Fugue in D minor, BWV 565, transcribed for piano []
Léon Kartun (Piano)
Disque Gramophone / HMV (France) / Voix de son maître DB-11.174 [mx: 2LA 5060/5061] Sep 18, 1947 78 rpm
Recorded at Studio Albert, Paris, France. Producer-engineer: Ravenet.

 

The list of recordings was compiled by Aryeh Oron (September 2009 - December 2012)
Thanks to contributors: Henri Musielak [Conservateur Honoraire du Musée de la Diplomatie et de l’Émigration Polonaise (Bydgoszcz)] (December 2012)

Piano Transcriptions of Bach’s Works by Léon Kartun

Sinfonia (Mvt. 1) from Cantata BWV 29, transcribed for piano [Ouvriüres]
Chorale Jesu Bleibet meine Freude (Mvt. 10) from Cantata BWV 147, transcribed for piano [Ouvriüres]
Paris: Les Éditions Ouvrière, [©1957].
Prelude & Fugue in E minor ("Cathedral"), BWV 533, transcribed for piano [Salabert]
Toccata in D minor, BWV 565, transcribed for piano [Ricordi]