http://en.wikipedia.org/wiki/Alderney_concentration_camps
http://fr.wikipedia.org/wiki/Occupation_des_îles_Anglo-Normandes
Les Allemands construisirent, sur l'île d'Aurigny, quatre camps de concentration qui dépendaient du camp principal de Neuengamme, en Allemagne[1].
Les quatre camps de travail reçurent le nom d'une des Îles de la Frise :
- le camp Norderney situé à Saye
- le camp Borkum à Platte Saline
- le camp Sylt situé près de l'ancienne tour télégraphique à La Foulère
- le camp Heligoland dans l'extrémité nord-ouest d'Aurigny
L'Organisation Todt opéra dans chaque camp et utilisa le travail forcé pour construire des bunkers, des abris anti-aériens et diverses fortifications.
Les camps Borkum et Heligoland étaient des camps de travail pour «volontaires» (Hilfswillige) et les travailleurs de ces camps étaient traités durement mais bien mieux que ceux des deux autres camps.
Le camp Borkum accueillait des travailleurs d'Allemagne et d'autres pays européens et le camp Heligoland accueillait des travailleurs de Russie recrutés par l'Organisation Todt.
Le camp Norderney reçut des prisonniers européens (principalement de l'Europe de l'Est et de Russie mais aussi d'Espagne).
Le camp Sylt reçut des prisonniers juifs[2, 3]. En 1943, les camps Norderney et Sylt, regroupant les prisonniers européens et juifs, furent placés sous l'autorité du Hauptsturmführer SS Max List.
Plus de 700 prisonniers moururent et les survivants furent transférés dans d'autres camps en Allemagne en 1944.
Matisson Consultants, Aurigny, un camp de concentration nazi sur une île anglo-normande
D’après "Résistance Unie", le journal de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance) en Gironde.
Les îles anglo-normandes ont été occupées par les armées allemandes à partir de 1940.
Dès l’invasion allemande, l’entière population d’Aurigny fut évacuée, à l’exception d’un seul paysan qui préféra rester sur place.
En 1943, deux membres du parti nazi, numérotés 6 et 8 dans la hiérarchie, Adam Adler et Heinrich Evers furent désignés pour commander le camp; les ordres leur étaient transmis par celui de Neuengamme.
Ainsi, c’est un commando lointain d’un des premiers camps nazi, créé en 1938 en Allemagne, qui était établi dans l’île.
Il était composé de plusieurs milliers de Russes, de Français (dont plusieurs centaines de juifs, maris d’"aryennes"), de Républicains espagnols, d’Allemands, de Nord-Africains venant de Marseille (dénommés ZKZ), de trois Chinois, d’un Italien, …
La présence de civils russes dans l’île (la plupart jeunes), semble trouver une explication dans le besoin de main-d’œuvre civile transférée à Aurigny après les conquêtes territoriales de la Wehrmacht jusqu’en 1942.
Les Allemands condamnés de droit commun ou "associables" portaient tous des pyjamas; les Républicains espagnols le brassard R.S. (Rott Spanien = Rouge espagnol),
les autres, en particulier les Français, une bande de peinture blanche sur les coutures du pantalon, signe qui se révéla, par la suite, lourd
de conséquences ("à abattre systématiquement en cas d’insoumission")
687 Russes moururent dans des conditions atroces : dépaysement, humiliation continuelle, nutrition à peu près inexistante, coups, travaux forcés; ils furent enterrés sur place. D’autres, Espagnols, Arabes, Français, subirent des sorts analogues.
Il faut signaler que, par manque d’eau potable, beaucoup de déportés ont été atteints de fortes fièvres; pour les Russes, notés par les Allemands comme atteints de typhus, la maladie n’était qu’un prétexte à de très mauvais traitements.
Tour à tour, le cheptel humain était "loué", par une importante firme de Coblence, aux services de l’organisation Todt, à la Deutschestrasse…, d’où la diversité de commandos de travail.
N’ayant ni chambre à gaz, ni crématoire, ils transformèrent un tunnel où les déportés du camp seraient "murés" en cas de rébellion ou de débarquement des armées alliées.
Celui-ci existait avant la création du camp puisqu’il permettait l’accès à la mer.
Un matin, tout au début d’avril 1944, une équipe fut contrainte, par les SS, de murer l’une des extrémités (côté mer) et d’obstruer les bouches d’aération qui s’y trouvaient afin de laisser sur le devant (côté camp),
une ouverture permettant le passage d’un ou deux hommes à la fois.
A l’intérieur de ce "tunnel", des ballots de paille avaient été entreposés.
Deux essais sous forme d’alerte, ont été expérimentés pour estimer le temps de remplissage avec tous les détenus du camp.
Par ailleurs, des socles en ciment armé, pour nid de mitrailleuses, avaient été placés à l’entrée,
non pas contre un éventuel agresseur mais dirigés vers l’intérieur du tunnel. C’était le lieu de leur extermination!
Heureusement pour tous, un ordre d’évacuation précipité survint le 7 mai 1944. Il s’agissait de transférer les déportés en Allemagne, sans doute à Neuengamme, via la France.
Entre Cherbourg, Lille et Hazebrouck, un grand nombre de déportés s’évadèrent du train, grâce aux cheminots français (certains repris ont été fusillés) : tous les autres furent internés dans le Nord de la France, à Boulogne-sur-Mer et aux
environs, puis libérés à Dixmude grâce à la Résistance belge.
Ce transfert avait duré 13 jours, en wagons à bestiaux et plombés.
Ce n’est que dans la nuit du 26 au 27 juin 1944, immédiatement après la libération de Cherbourg, que les derniers déportés quittèrent l’île d’Aurigny (sauf environ vingt déportés Républicains espagnols, affectés à des travaux spécialisés).
Ce n’est que vers le 10 août 1944 que les 20 Républicains espagnols furent transférés à Jersey au Fort Régent, où ils prirent très vite une part active dans toutes les actions de sabotage contre les nazis. La libération ne vint pour eux que le 9 mai 1945.
Un bunker allemand sur l'île d'Alderney, dans la Manche. Illustration.
(Crédit : Andree Stephan / CC / WikiCommons)
Le nombre de travailleurs forcés tués sur une île de la Manche pourrait avoir été de 40 000 à 70 000 personnes, soit cent fois le chiffre officiel
Les services du renseignement militaire britannique
ont dissimulé les horreurs perpétrées dans des camps nazis de travail forcé
pendant la guerre et ignoré une recommandation d’inculper au moins un officier
allemand pour crimes de guerre, ont écrit d’anciens hauts gradés de l’armée du
Royaume-Uni dans un article d’investigation.
Cet article, dont la première
partie a été publiée samedi dans le Daily Mail,
revoit nettement à la hausse le nombre de prisonniers
décédés sur une île de la Manche, le faisant passer de 400 – le chiffre officiel
– à entre 40 000 et 70 000 personnes.
Cette enquête vient radicalement
changer l’histoire connue de l’occupation allemande à Alderney, l’île de la
Manche habitée la plus au nord.
L’article a été écrit par le colonel Richard
Kemp, ancien commandant des forces britanniques en Afghanistan et par John
Weigold, officier qui a fait son service dans le Golfe et dans le nord de
l’Irlande.
L’histoire de l’occupation d’Alderney reste trouble en raison de
l’évacuation de ses habitants avant l’arrivée des Allemands en 1940, ce qui n’a
laissé sur place que peu de témoins. Les îles anglo-normandes sont les seules
îles britanniques ayant été occupées pendant la guerre.
Le rapport établit que les horreurs des assassinats
allemands ont été couvertes par les services du renseignement militaire
britannique, qui avaient envoyé un officier jeune et inexpérimenté, le capitaine
Theodore « Bunny » Pantcheff, interroger les Allemands sur Alderney, où ils
auraient tenté de construire une base secrète pour lancer des missiles portants
des armes chimiques sur l’île principale de la Grande-Bretagne.
Pantcheff s’était entretenu avec les gardes et les
prisonniers allemands, et avait estimé que le nombre de personnes décédées sur
l’île était d’environ 400. Ce nombre avait été accepté par ses supérieurs, qui
étaient, peut-on supposer, embarrassés que les nazis aient installé un camp sur
le sol britannique. Même si Pantcheff avait recommandé qu’au moins un officier
allemand soit accusé de crimes de guerre, aucune accusation n’a jamais été
formulée. Le rapport a été classé et perdu ou détruit plus tard.
Kemp et Weigold affirment que la présence de quatre
camps de travaux forcés allemands sur l’île était bien connue — ils avaient pour
nom Norderney, Sylt, Borkum et Helgoland — et qu’il y avait encore sept camps
supplémentaires. En utilisant des photographies aériennes, le rapport présente
également des sites sur lesquels pourraient se trouver des charniers.
Richard Kemp, à Jérusalem en juillet 2014. (Crédit : TOI Staff)
« Des milliers et des milliers de prisonniers de
guerre russe et de travailleurs forcés, des hommes et des jeunes garçons, ont
été sortis de leurs villages en Russie et dans l’est de l’Europe, il y avait des
Juifs de France, des prisonniers de guerre français et espagnols et même des
captifs du Maroc », dit le rapport.
« Les Allemands les ont tués là-bas », a dit l’un des
survivants du camp au Mail. « Un autre homme a été crucifié pour vol,
pendu par les mains. Lorsque je me levais le matin, je voyais des cadavres tout
autour de moi. Parfois leurs lèvres, leur nez et leurs oreilles avaient été
mangés par les rats. »
« Il y avait une cabane où les corps étaient empilés.
Plus tard, ils étaient enlevés, chargés à bord de camions et jetés à la mer.
Nous n’étions nourris qu’avec de l’eau et quelques morceaux de navets qui
flottaient dedans, la vie n’était donc qu’une lutte constante », a continué
l’homme, qui n’a pas été identifié. « J’ai trouvé un jour un tas d’ordures près
du site de construction où je travaillais et j’ai rempli un sac avec des pelures
de légumes et des feuilles de chou lorsque quelqu’un a lancé un chien sur moi.
Il m’a attaqué encore et encore, déchirant tous mes vêtements. Quand il m’a
lâché, j’ai été frappé par un Allemand avec un bâton. J’étais très faible à
l’époque. Il y avait environ 500 hommes dans mon camp et environ 300 d’entre eux
sont morts alors que j’étais là-bas. »
Pantcheff est parti vivre à Alderney, et a écrit ce
qui est devenu le livre qui fait référence sur l’occupation nazie de l’île. Ce
livre « a perpétué le mythe d’une occupation relativement bénigne là-bas, au
même niveau que Guernesey et Jersey, où les habitants des îles et les occupants
étaient parvenus à vivre côte à côte dans un climat d’harmonie raisonnable »,
dit l’article.
« Pour nos esprits militaires expérimentés, nous qui
avons chacun 45 années d’expérience militaire – les chiffres avancés par
Pantcheff sont un pur tissu d’absurdités », écrivent Kemp et Weigold.
Rejetant ces chiffres du rapport sur la guerre,
l’article indique qu’ « il devrait y avoir des milliers de personnes de plus
pour creuser des trous dans la pierre, construire des moules en bois pour le
béton, tirer des fils, travailler dans les carrières, faire des routes, creuser
des tranchées pour les câbles, creuser des tunnels, décharger des navires,
etc… »
Sur la base du volume de construction réalisé sur l’île,
les auteurs estiment qu’il aurait fallu, au moins à un moment, la présence de 10
000 personnes. Et comme les travailleurs forcés n’étaient dotés que d’un
équipement minimal et qu’ils étaient peu nourris, il en aurait fallu bien plus
encore. De plus, l’espérance de vie dans les camps nazis ne s’élevait, selon les
estimations, qu’à trois mois.
Même si d’autres ont affirmé que les travailleurs
avaient été rapatriés vers l’Europe après avoir terminé leur travail, l’article
du Mail indique qu’une telle politique n’aurait pas été cohérente avec
la vision du monde des nazis, qui considérait les « travailleurs esclaves venus
de Russie, d’Ukraine, de Pologne et de partout en Europe orientale… comme des
untermenschen, des sous-hommes. »
Sur la base de propos recueillis auprès de témoins
oculaires, dans des documents russes et des registres militaires britanniques,
les auteurs établissent que : « nous pouvons estimer avec confiance qu’au pic de
la période de construction de l’Organization Todt entre janvier 1942 et
octobre 1943, un minimum de 40 000 esclaves sont morts d’épuisement, de
maladies, de blessures et de brutalité, et peut-être même 70 000. »
L’Organization Todt était le groupe
d’ingénierie civil et militaire responsable d’un grand nombre de projets
entrepris en Allemagne et dans les territoires occupés par l’Allemagne.
Ils ont estimé que la majorité des dépouilles devait
avoir été jetée à la mer et emportée par les vagues tandis que les autres ont dû
être incinérés. Et pourtant, d’autres pourraient encore avoir été jetées dans
les fondations des structures en béton qui ont été construites.
L’article de dimanche faisait suite à un autre publié
samedi, dans lequel les auteurs ont clamé avoir découvert un site précédemment
inconnu sur l’île construit par les nazis comme base de lancement de missiles V1
contre les forces alliées réunies au Royaume-Uni au moment où elles se
préparaient pour l’offensive du débarquement du 6 juin 44, qui aura marqué le
début de la libération de l’Europe.
En particulier, des salles construites et achevées qui
se trouvaient au cœur du complexe des tunnels auraient été conçues pour placer
des agents chimiques dans les ogives des missiles, supposent les auteurs,
présumant qu’il pouvait s’agir de gaz sarin.
Les histoires reconnues d’Alderney font état d’environ
6 000 Juifs et Russes qui auraient été contraints aux travaux forcés dans deux
camps de travail et de concentration sur l’île, amenés pour y construire les
fortifications massives.
Selon les mêmes récits, plus de 1 000 seraient décédés
dans ces camps, tandis que les survivants auraient été transférés en France en
1944. Il n’y a que 397 tombeaux de prisonniers connus sur l’île.