Marie Dubas (3 septembre 1894 - 21 février 1972), chanteuse de music-hall et comédienne.

Née à Paris, d'un père tailleur d'origine juive polonaise, elle débute une carrière de comédienne au théâtre (elle avait suivi des cours au Conservatoire d'art dramatique). Elle commence à chanter en 1917, au cabaret Le Perchoir (Montmartre). En 1920, elle est engagée au théâtre Cluny, dans des rôles lyriques, qui lui permettent de développer ses qualités vocales. En juillet 1921, elle chante dans la revue "Dans un fauteuil", au Casino de Paris, aux côtés de Maurice Chevalier, puis à l'automne suivant dans une autre revue avec Mistinguett. En 1923, elle interprète avec Yvonne Printemps, "L'amour masqué", comédie musicale écrite par Sacha Guitry. En mars 1924, elle incarne Zuzu dans l'opérette "La Danse des libellules" de Franz Léhar. Elle enchaîne opérettes et comédie musicales, avant qu'un accident vocal ne la contraigne à s'orienter vers le music-hall.

Elle se rode durant l'été 1927, en province, avec un tour de chant et le 23 septembre 1927, affronte le public de l'Olympia, où elle fait un triomphe. Elle y interprète "Pedro !" (Jean Rodor / Joseph Gey), une chanson fantaisiste qui restera le  clou de son répertoire. En octobre 1928, elle chante sur la scène du théâtre de l'Empire. Elle participe à des revues aux Folies-Wagram en 1928, au Casino de Paris en 1929, au Concert-Mayol (avec Lucienne Boyer) et au Moulin de la Chanson en 1930. Du 25 au 29 novembre 1929, elle retourne à l'Empire et y interprète de nouvelles chansons : "C'est si bon quand c'est défendu" (Paul Colline/Maurice  Roget), "Butterfly Tox" (Albert Evrard), "Quand je danse avec lui" (Gabriello / Eblinger)... Le 2 octobre 1931, sur la même scène, elle crée un de ses plus gros succès, "Le doux caboulot (Francis Carco / Jacques Larmanjat). En mai 1932, elle mène la revue du Casino de Paris, Sex Appeal Paris 32, dans laquelle elle chante : "Marie Marie", "Je veux mon nom sur l'Obélisque", "Tu me plais", "Le jazz me porte à la peau"... Le 20 mars 1933 elle donne un récital au Théâtre des Champs-Elysées avec 35 chansons et poèmes dont "La Mauvaise prière". Elle se produit ensuite à l'Alhambra, à Bobino et à l'Européen. Elle y crée "Départ" et "Le vieux phonographe" (Rosemonde Gérard / Tiarko Richepin). Elle remporte un triomphe en juin 1936 à l'ABC avec "Le fanion de la légion" (Raymond Asso / Marguerite  Monnot) et "Mon légionnaire" (Raymond Asso / Marguerite Monnot), qu'Edith Piaf s'empresse alors d'incorporer à son répertoire. Autres chansons : Le Tango stupéfiant (« Je me pique à l'eau de Javel / Pour oublier celui que j'aime / Je prends ma seringue / Et j'en bois même »), et en 1933 La Prière de la Charlotte (Jehan Rictus).

Marie Dubas ne cesse de se produire sur scène à Paris et en tournée jusqu'en juin 1939. Elle s'embarque ensuite pour l'Amérique du Sud. Surprise par la déclaration de guerre, elle y reste jusqu'au début 1940. Elle séjourne ensuite au Portugal. Le 3 octobre 1940, le gouvernement de Vichy promulgue le premier décret contre la population juive. Marie Dubas est interdite de scène et de radio. Elle est condamnée à chanter à l'étranger, notamment au Maroc. Elle arrive tout de même à passer en zone libre et à s'y produire. Les rafles se multiplient après celle du Vel' d'Hiv' (juillet 1942), même en zone libre. Marie Dubas se réfugie en Suisse et s'installe à Lausanne, où elle retrouve Renée Lebas. Elle continue la scène (Moulin Rouge de Genève, Théâtre Municipal de Lausanne...) et chante beaucoup à la radio. Début 1944, elle crée à Radio-Genève, "Ce soir je pense à mon pays", une chanson autobiographique, composée par Philippe Gérard sur un texte de François Reichenbach.

En janvier 1945, Marie Dubas rentre à Paris. Sa soeur a été fusillée et son neveu déporté. Elle fait sa rentrée à l'A.B.C. dès le 19 janvier. Elle renoue avec le succès en mars 1946 sur la scène de l'Étoile. Elle remonta sur les planches en 1954, à la réouverture de l'Olympia. Elle continue de chanter jusqu'en 1958 (elle était atteinte de la maladie de Parkinson), mais refuse d'enregistrer. Elle décède le 21 février 1972 et est inhumée au Père-Lachaise.

© Hall de la Chanson