Edouard Kriff (Joseph Edouard Krihiff) est un chanteur d'opéra (ténor) français.
Alger le 3 août 1905 - Paris le 19 mars 1966.

Biographie

En 1917, il est déclaré par l'État "pupille de la Nation", son père, Salomon, étant décédé des suites de la guerre 1914-1918 (siège de Salonique).
A 22 ans, il participe à plusieurs rallyes Citroën en Afrique du Nord, en particulier Gabès/Alger et est nommé chef comptable des usines de la marque en 1928. A 24 ans, il quitte Alger pour Paris et dès son arrivée, se fait inscrire à l’école de chant et de scène lyrique chez Marguerite Carrère, grand soprano de l’Opéra. Il y fait ses premières rencontres artistiques et en particulier celle de Léon Xanrof l’époux de la directrice, auteur du célèbre ‘Un Coche allait trottinant’ qui lui trouve son premier nom de scène : Griff . Il le modifiera quelques années plus tard pour devenir définitivement Edouard Kriff.
En 1932, il débute en tournée dans les premiers rôles d’opérette, puis à Paris l’année suivante dans des tours de chant cabaret où on le voit sur la même affiche que Viviane Romance et Pierre Dac. Il passe aussi régulièrement sur Radio Cité où il interprète en direct, des mélodies françaises.
En 1934, encore sous le nom de Griff, sous contrat avec la maison de disques Parlophone, il enregistre des tangos, accompagné par l’orchestre Sacha Berini. En 1936, au Cirque d’Hiver, il joue l’opérette La Princesse Saltimbanque au côté d’Achille Zavatta et enfin, fin 1936 il débute dans des premiers rôles d’opéras sous le nom définitif d’Edouard Kriff. La même année il fait la connaissance de sa femme, Paulette De Beer, première danseuse à la Gaîté Lyrique.
 

  Edouard Kriff

En septembre 1938 Jacques Rouché l’engage pour son premier contrat à l’année au Théâtre National de l’Opéra de Paris. Il chante les rôles de Samson du Samson et Dalila de Saint-Saëns, Radamès d’Aida de Verdi puis Faust de la Damnation de Faust de Berlioz. En 1939, il se marie et devient père d'un enfant.

La guerre est déclarée. Il est soldat à Laon.
Après l’armistice de juin 1940, il est contraint de passer en zone libre. Au moment de l'exode, début juillet 1940, il quitte la capitale avec sa famille à laquelle s'est jointe sa mère Fortunée, née Tubiana (veuve de guerre). Après l'Armistice, il tente de revenir en zone nord (la France étant coupée en deux) mais est refoulé par les Allemands en tant que juif à Chalon (s/Saône) le 2 août 1940. Il s’installe à Marseille où l’Opéra l’accueille. On le voit et on l’entend à la Radio Nationale, la plupart du temps sous la direction de Paul Bastide dans une trentaine de premiers rôles.

Au soir du 21 janvier 1943, il interprète le rôle de Mario : - "...Et je n'aimais jamais autant la vie !" et rentre chez lui, 33 rue du Musée. Le lendemain, il est arrêté par la police collaborationniste française, en même temps que sa mère, dénoncés en tant que juifs par des employés du théâtre, du moins s'il faut en croire les dires de l'officier allemand qui l'interroge à la prison des Baumettes.

Fortunée Kriff sera enfermée à Compiègne puis à Drancy avant d'être portée disparue à Majdanek le 27 mars 1943.
Lui prit la décision de s'évader. Il parviendra à sauter du train pendant la nuit du 24 au 25 janvier, sera recueilli par un prêtre puis un médecin et amené dans une famille de Firminy, les Durif pour y être soigné. Muni d'une fausse carte d'identité, il regagnera Marseille, sera caché pendant deux mois par la famille Josuan au Lycée musical du 10 boulevard Salvator puis la famille Mansio à Bouc-Bel-Air avant de pouvoir être évacué dans l'Ardèche où, avec sa femme et son fils, il attendra grâce à des maquisards ardéchois la libération de Paris.

En 1944, il reprend ses activités à l’Opéra-comique où il chante Don José de Carmen, Werther (rôle titre), Hoffmann des Contes, Canio de Paillasse. Il est Hippias à la reprise des Noces Corynthiennes d’Henri Büsser à l’Opéra en 1949 et Julien à la reprise de Louise de Gustave Charpentier en 1950. De 1956 à 1958 il est directeur de la scène de l’Opéra Comique.

En 1961, il crée avec George Hirsch, ex-administrateur de la RTLN (Réunion des théâtres lyriques nationaux) une association destinée à rapprocher le théâtre, particulièrement musical des populations de la banlieue parisienne. C’est Rayonnement du Théâtre. Des solistes de l’Opéra, pour le chant : Jacqueline Brumaire, Alain Vanzo, Michel Cadiou, Michel Dens et de la danse de l’Opéra, Liane Daydé, Michel Renault s’y produisent régulièrement dirigés par des chefs comme Jésus Etcheverry et Richard Blareau. Maurice Escande de la Comédie Française vient également participer à l’expérience décentralisatrice de même que le grand pianiste Daniel Wayenberg.

En 1964, grâce à Georges Dardel, président du Conseil général de la Seine, une nouvelle association voit le jour en prolongement de la précédente : Le Théâtre de la Région Parisienne. Ses moyens financiers sont assez considérables pour l’époque dont Edouard Kriff reste le délégué général, qu’il était dans la précédente association.

Il le demeure jusqu’à son décès causé par un cancer généralisé, le 29 mars 1966.

Résumés de carrière

Discographie