Norbert Glanzberg
(1910-2001)
Photo : Éditions du Méridian
Le Conservatoire C’est à Rohatyn, en Pologne, que naît en 1910, Norbert Glanzberg. Dès l’année suivante, sa famille s’installe en Bavière.Il découvre la musique très tôt. En effet, alors qu’il n’a que trois ans, il reçoit de sa mère son premier harmonica. À 12 ans, en 1922, le jeune garçon fait son entrée au conservatoire de Würzburg, où il devient chef de chœur. À la même époque, il rencontre Belà Bartók et Alban Berg, puis devient assistant chef d’orchestre d’Aix-la-Chapelle. Mais, au début des années 30, la montée du fascisme oblige les juifs à s‘exiler. Après avoir composé, en 1930, ses premières musiques de film ("Der Falsche Ehemann" (1931) pour Billy Wilder et "Dann schon lieber Lebertran" (1931) pour Max Ophuls), Norbert Glanzberg s’exile à Paris, en 1933. Trois ans plus tard, il rencontre Django Reinhardt et commence à jouer dans les bals musettes. |
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Conservatoire de Würzburg (1920) |
"Der Falsche Ehemann" (1931) |
Les années de guerre En plus de devenir accompagnateur de divers artistes, le compositeur se lance dans la chanson. Lys Gauty interprète Le bonheur est entré dans mon cœur (1938), Sans y penser, Ne voyez-vous pas (1940) et La belle marinière (1940),donnant ainsi au compositeur ses premiers succès. Malheureusement, ce dernier ne peut profiter de son récent succès. En effet, en 1939, il est incorporé dans l’armée polonaise, dont les bases se situent en Angleterre. Démobilisé en 1940, il s’installe à Nice, dans le sud de la France, zone qui n’est pas occupée. Il fait la connaissance de l’imprésario de Tino Rossi et d’Édith Piaf, mais en 1942, une dénonciation le fait emprisonner pour six mois. Après sa fuite, organisé par la chanteuse Marie Bell, il est caché par Georges Auric et par René Laporte. |
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Glanzberg et Piaf (Nice, 1940) |
Glanzberg et la Résistance Française à la Libération |
Les grandes chansons À la libération, il peut enfin reprendre sa carrière. Norbert Glanzberg part en tournée avec Charles Trenet, en Amérique du Sud, puis avec Tino Rossi. Ce dernier interprètera Tout le long des rues, Jardin perdu et Romance au fond des cours (1950). Parmi les autres interprètes de cette époque, figurent également Lucienne Delyle (Le moulin de la galette, 1946, Sans y penser, 1940), Renée Lebas (Il fait bon t’aimer, 1950, J’en ai vu d’autres, 1949, Un petit bouquet de violettes, 1943), Anny Gould (Je l’ai dit au vent, 1950, Il fait bon t’aimer, 1950), Jean Deny (Romance au fond des cours, 1950) et Georges Guéthary (Toujours plus belle, 1950).Le compositeur connaît l’un de ses plus grands succès en 1948. C’est en effet cette année-là que Piaf crée le fameux Padam, padam, qui sera repris plus tard, dans une autre version par Sacha Distel, sous le titre de Madam’ Madam’. La grande Édith Piaf interprète également Au bal de la chance, Sophie et Mon manège à moi (1958). Cette dernière chanson sera également interprétée par Yves Montand. Outre Mon manège à moi, ce dernier enregistre également Les grands boulevards (1951), Moi je m’en fous (1946) et Avec tes deux poings. Les années de gloire Les années 50 sont très prolifiques pour le compositeur polonais. Nombreuses sont les vedettes de la chanson qui l’interprète : Henri Salvador (Les maris, les papas et les chats, 1950, Ça c’est de la musique, 1958), Jean Bretonnière (La chanson du tic-tac, 1954, La chanson de l’ombre, 1954), Éliane Embrun (Ne joue pas avec mon cœur, 1952), Anny Flore (Valsez fillettes, 1952) etc.En 1958, Colette Renard crée avec succès Ça c’est de la musique, chanson qui sera reprise par Henri Salvador dans une version parodique. Avant que la vague yéyé ne vienne quelque peu éclipser la carrière du compositeur, Jacques Hélian (Na-bu-co-do-no-zor, 1961), Dario Moreno (La danza la bella, 1959), Luis Mariano (Noël c’est l’amour) et Francis Lemarque (Une rose rouge, 1959, chanson également interprétée par André Claveau et les Djinns) s’ajoutent à ses interprètes. Malgré des années plus difficile, Norbert Glanzberg compose pour Mireille Mathieu (Adieu, je t’aime, 1972, En rang soldats de l’amour, 1973), Dalida (Tout se termine, 1965) et Pétula Clark. Puis, la chanson ayant trouvé de nouveaux compositeurs, il se tourne vers la musique de films. Dans les années 80, il compose surtout des œuvres classiques (lieder). Il s’éteint en 2001, après avoir travaillé sur l’orchestration de la Suite Yiddish (avec Fred Chaslin), en 2000. |
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Der Tod ist ein Meister aus Deutschland Anthologie de poèmes de victimes du nazisme (Éditée par Bernd Jentzsch en 1979) Choix de poèmes © Poésie/Gallimard 1998, p. 53 (bilingue)
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Holocaust Lieder 9 Lieder pour baryton et piano (1983) sur des poèmes inspirés par les camps de concentration Donnés en concert à Würzburg avec Hanna Schygulla en 1998 1. Ausflug machen (Rainer Kirsch) 2. Die letzte Epiphanie (Gerson Stern) 3. Ein Koffer spricht (Ilse Weber) 4. Der Gute Ort zu Wien (Franz Werfel) 5. Ballade von der Judenhure (Berthold Brecht) 6. Todesfuge (Paul Celan) 7. ... 8. ... 9. ... |
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Holocaust Songs 12 songs pour mezzo et piano ou orchestre (1984) I. An die Völker der Erde II. Für Ule III. Transport IV. Lied zur Gute Nacht V. Die letzte Epiphanie VI. Nachtgedanken VII. Der Ofen von Lublin VIII. Versprich mir eins IX. Alter Baum X. Allen Vögeln XI. Greta XII. Abschied |
Compositeur et musicien Juif né en Galicie, Norbert Glanzberg a fui l'Allemagne nazie pour se réfugier en France. Accompagnateur au piano de vedettes de variétés, il est devenu célèbre par ses chansons populaires chantées notamment par Edith Piaf, Yves Montand, Henri Salvador et Renée Lebas, ainsi que par ses musiques de films. A partir des années 1980, il retourne à la musique classique en composant ses Holocaust Songs et Holocaust Lieders. Une biographie d'Astrid Freyeisen et une soirée, le 8 juillet 2011, au Château Pastré (Marseille), lors du VIe festival des musiques interdites, sont consacrées à cet artiste talentueux.Padam Padam, Les grands boulevards, Ça c'est de la musique, Mon manège à moi, Chariot... Si ces airs ont été fredonnés, chantés ou siffloter dans le monde entier, pendant des décennies dans le monde entier, rares connaissent le nom du compositeur : Norbert Glanzberg.
De Rohatyn à Berlin
Nathan (Norbert) Glanzberg est né en 1910 dans une famille juive à
Rohatyn (Galicie) alors province de l'empire austro-hongrois. Son
père, Samuel Glanzberg, est peintre en bâtiment parlant yiddish.
Espérant de meilleures conditions de vie, la famille Glanzberg
s'installe l'année suivante à Würzburg (Bavière). Samuel Glanzberg
devient voyageur de commerce en vins.
Recevant un harmonica, cet enfant doué interroge : " Pourquoi la
musique ri ? Pourquoi la musique pleure ? "
Formé à la composition au Conservatoire de la ville, Norbert
Glanzberg est recruté comme co-répétiteur et chef d'orchestre au
Stadtstheater (théâtre-opéra) municipal en 1928, puis chef de
chœur et assistant du chef d'orchestre d'Aix-la-Chapelle en 1929. Il
assiste Alban Berg dirigeant Woyzeck et s'en "trouva enrichi
sur le plan humain", et joue les Danses roumaines de Béla
Bartók.
Soucieux d'élargir ses horizons, ce provincial se rend à Berlin où
il est immédiatement engagé comme chef d'orchestre à l'Admiralpalast,
une salle de mille spectateurs, où il dirige notamment La
princesse Czardas de Haller avec Hans Albers, un spectacle entre
revue et opérette.
En 1930, la firme cinématographique UFA (Universum Film AG), une des
plus importantes sociétés de production allemandes dont les
studios sont situés à Neubabelsberg, engage Norbert Glanzberg
pour composer la musique de la comédie de Billy Wilder
Der Falsche Ehemann
(Le faux mari). Les Comedian Harmonists, un sextuor
vocal a capella, y interprètent son fox-trot Hasch mich,
mein Liebling, hasch mich ! (Attrape-moi, chéri, attrape-moi
!) Un concert d'éloges accueille les musiques "pleine
d'entrain" de Norbert Glanzberg. Ce fox-trot est "déclaré hymne de
l'année 1931".
Deuxième film dont Norbert Glanzberg compose la musique : Dann
schon lieber Lebertran (Alors on préfère l'huile de foie de
morue), un moyen métrage de Max Ophüls.
Norbert Glanzberg travaille ensuite "comme nègre pour des musiciens
connus".
Dans cette République de Weimar finissante, Norbert Glanzberg subit
au sein de la société juive de production Orbis-Film la
discrimination favorisant des quotas pour les Allemands et au sein
de l'UFA les restrictions visant les Juifs.
Goebbels, le Gauleiter de Berlin" le "cite dans son journal, Der
Angriff : "le petit Juif de Galicie", Glanzberg, prend "le
pain de la bouche de jeunes musiciens blonds".
Puis, le 15 juillet 1932, Der Deutsche Film, la revue du
cinéma du NSDAP, parti nazi, liste "les musiciens du film parlant à
l'UFA dont tous des Juifs : May, Meisel, Grabowski, Heymann,
Glanzberg, Hollaender, Gilbert, Erwin Strauss, etc... Désormais, la
littérature, les journaux, les films allemands seront entre les
mains d'Allemands, c'est-à-dire de personnes capables de sentir".
L'arrivée d'Hitler au pouvoir en janvier 1933 renforce les
inquiétudes de Norbert Glanzberg.
Après l'incendie du Reichstag (27-28 février 1933), prévenu par la
propriétaire de son logement que deux agents de la Gestapo l'y
attendent, Norbert Glanzberg fuit à Paris.
Une carrière freinée par la guerre
Là, Norbert Glanzberg retrouve Billy Wilder et d'autres artistes
contraints à l'exil : Max Ophüls, Eugen Schüfftan.
Peu tenté par les Etats-Unis, il se rend chez ses parents à
Wurtzbourg, puis retourne à Paris en juillet 1933. Après la Nuit de
cristal, ses parents rejoignent aux Etats-Unis leur fille Liesel.
Norbert Glanzberg gagne difficilement sa vie comme marchand
ambulant, accordéoniste dans les rues, pianiste de cabarets du
quartier de Pigalle et dans les bals musettes, ou en vendant ses
mélodies à des éditeurs.
Il s'éprend de Lilli Palmer qui chante avec sa sœur Irène pour
gagner leur vie, avant de gagner l'Angleterre où elle entamera une
carrière cinématographique qui la mènera à Hollywood.
En 1936, Norbert Glanzberg rencontre Django Reinhardt, guitariste en
jazz manouche, avec lequel il se produit, et croise la môme Piaf.
Sa rencontre en 1938, à Hilversum (Pays-Bas) avec Lys Gauty est
décisive. Cette chanteuse alors célèbre interprète Sans y penser
(1937), un immense succès, Le bonheur est entré dans mon cœur
pour le film La goualeuse (1938), et La belle marinière
(1939) et commence à acquérir une notoriété, "mais les droits
d'auteurs se faisaient attendre... Entretemps, l'armée allemande
avait envahi la France et confisqué tous les droits d'auteur des
Juifs".
Non inscrit à la SACEM, Norbert Glanzberg ne perçoit pas ses droits
d'auteur : « J'ai essayé
d'entrer à la SACEM à partir de 1935, chaque fois, ils me
recalaient. Je savais que c'était parce que j'étais réfugié
d'Allemagne. Je n'ai même pas pu passer l'examen de compositeur
(obligatoire à l'époque, ndlr). J'ai fini par rentrer à la société
des auteurs italienne, qui ne m'a jamais versé un sou », confie-t-il
à
Libération en 1999. En 1941, les éditions et
instruments Paul Beuscher lui écrivent : "L'affaire Petit bouquet
de violettes a été remise aux mains de la SACEM" !
En 1939, réfugié polonais, Norbert Glanzberg est mobilisé dans
l'armée polonaise.
Après une guerre éclair, les Allemands entrent à Paris en juin 1940.
Le gouvernement du maréchal Pétain signe l'armistice.
En 1940, démobilisé, il se rend en zone libre, dans le sud de la
France. A Marseille, il côtoie Mistinguett, Maurice Chevalier,
Joséphine Baker...
En octobre 1941, L'impresario
Félix Marouani l'engage pour accompagner Edith Piaf. Norbert
Glanzberg et Piaf et vivent une histoire d'amour qui se transformera
en amitié. C'est Edith Piaf qui déchire, sans l'en prévenir,le visa
permettant l'immigration aux Etats-Unis de Norbert Glanzberg.
Il accompagne aussi Tino Rossi, qui lui trouve une cachette à
Marseille Grâce à Piaf, il est accueilli, avec d'autres artistes
comme la pianiste Clara Haskil et le chef d'orchestre Manuel
Rosenthal par la comtesse Pastré, amatrice d'art, dans son château.
Pour subvenir à ses besoins - acheter des faux papiers, des cartes
de ravitaillement -, il vend ses musiques à des musiciens : « Mais j'ai dû vendre des
chansons à des musiciens qui les ont signées de leurs noms et ne me
les ont jamais rendues, notamment une pour un film de Tino Rossi,
Fièvres, qui a été un grand succès ». Un éditeur parisien publie
certaines de ses chansons sans le mentionner comme compositeur.
Le 2 mai 1943, Norbert Glanzberg est arrêté et condamné à une peine
d'emprisonnement à Nice de six mois pour détention de faux papiers.
Grâce à l'actrice Marie Bell sollicitée par Tino Rossi, au préfet
Durafour et à un gardien de prison corse, il fuit en août 1943.
Jusqu'en 1944, il est caché par le compositeur Georges Auric, puis
par le poète René Laporte à Antibes, et à Varilhes près de Toulouse.
Là, il rencontre des
écrivains et poètes résistants. Norbert Glanzberg est alors aidé
par Piaf, Tino Rossi et Mistinguett.
A l'été 1944, s'achève une période éprouvante de persécutions
antisémites, de fuites et de dissimulationsqui lui laisse des
séquelles psychologiques.
Compositeur exigeant de variétés et de films
Après la Libération, vient le temps de l'Epuration qui vise aussi
les artistes. Norbert Glanzberg témoignera en faveur de Maurice
Chevalier, arrêté par le mouvement de résistance "Soleil",
Mistinguett qui l'avait hébergé brièvement dans son appartement, et
Tino Rossi.
Norbert Glanzberg intègre la SACEM sous le parrainage de Georges
Auric le 26 janvier 1945 ; sa précédente demande "en novembre 1940
n'avait pas abouti". Il essaie de « récupérer les droits sur ces
chansons après la guerre. Mes demandes auprès de la SACEM, qui les
avait collectés en France, et de sa sœur italienne, dont j'étais
membre, sont toutes deux restées vaines », confie Norbert Glanzberg
au
Point en 1999.
De 1946 à 1948, il accompagne en tournée Renée Lebas pour laquelle
il compose Tout le long des rues 1947 et Entre nous,
Tino Rossi et Charles Trénet. Il se produit aussi comme pianiste
lors de luxueuses croisières.
Les plus célèbres interprètes de ce compositeur demeurent Edith Piaf
- Padam, Padam sur des paroles d'Henri Contet (1951)
et Mon manège à moi -, Yves Montand - Moi j'm'en fous
(1946) et Les grands boulevards (1951) -, Colette Renard
(Ça c’est de la musique, 1958).
Dans Mon manège à moi, chanson refusée par Yves Montand et
créée par Edith Piaf, Norbert Glanzberg introduit "une petite
nouveauté dans le genre de la chanson. Une chanson se compose
normalement d'une mélodie et de son accompagnement. Le refrain de
Mon manège, c'est la mélodie. Alors, je retourne les choses et
je fais de la mélodie l'accompagnement. Ça va avec le thème du
manège et c'est une façon subtile de changer quelque chose. Olivier
Messiaen m'a dit une fois que ça vaudrait le coup d'introduire cette
astuce dans la musique classique".
Parallèlement, Norbert Glanzberg écrit la musique de films :
comédies - La mariée est trop belle de Pierre Gaspard-Huit
(1956) avec Brigitte Bardot, Mon oncle de Jacques Tati (1958)
-, drames - La sorcière d'André Michel avec Marina
Vlady (1956)-, aventures : Michel Strogoff de Carmine
Gallone avec Curd Jürgens (1956). Norbert Glanzberg acquiert aussi
des salles de cinéma à Paris : le Studio Bertrand, Les Acacias,
le Saint-Séverin.
Après avoir tenté d'obtenir la nationalité française, Norbert
Glanzberg choisit d'être apatride.
En 1952, il épouse Marischka, jeune catholique d'origine polonaise.
Le couple a un fils, Serge, né en 1959. Le couple se sépare en 1976.
Comme de nombreux compositeurs, la carrière de Norbert Glanzberg
enregistre une éclipse avec la vogue yé-yé et du rock and roll au
début des années 1960. Cependant, ce compositeur compose la musique
de titres pour les jeunes vedettes : Mireille Mathieu (Adieu, je
t’aime, 1972, En rang soldats de l’amour, 1973), Dalida (Tout
se termine, 1965), Petula Clark (Chariot).Cette chanson
s'avère vite un succès mondial. C'est sur cet air-là devenu I
will follow you que Whoopie Goldberg chante dans Sister Act
d'Emile Ardolino (1992).
Norbert Glanzberg signe aussi la
musique du célèbre feuilleton télévisuel
Janique Aimée de Jean-Pierre Desagnat (1963). Signe de l'exceptionnelle diffusion de certains titres co-signés par Norbert Glanzberg :
en 1966, pour sa première visite officielle en Union soviétique, le président Charles de Gaulle entre au Kremlin au son de
Padam, Padam chanté par Edith Piaf.
Force de ses tubes. En 1993, Etienne Daho reprend Mon manège à
moi.
Retour à la musique classique
Dans les années 1980, Norbert Glanzberg compose les Holocaust Songs
et les Holocaust Lieder, deux cycles pour grand orchestre. Un
hommage aux membres de sa famille décimée par la Shoah.
En 1983, il compose une suite de Lieder sur des poèmes
écrits lors de la guerre par des prisonniers et qu'il a découvert
au Goethe-Institut à Paris. Le titre La mort est un maître de
l'Allemagne ("Der Tod ist ein Meister aus Deutschland") est le
vers central du grand poème de Paul Celan, Fugue de la mort (Todesfuge).
Familière du théâtre de Brecht,
Gisela May interprète ces Lieder pour la première fois à
Berlin en 1991.
En 1985, il élabore un concerto pour deux pianos inspiré des
romans d'Isaac Bashevis Singer La Suite Yiddish."A
l'évocation de la mort et de la désolation suit un thème rythmé
sur fond de musique tsigane pour dire que la foi, l'espérance et
la joie de vivre sont, malgré tout, le propre du peuple juif",
explique Norbert Glanzberg.
L'Autriche redécouvre ce compositeur si épris de culture musicale
germanique. La journaliste Astrid Freyeisen l'interviewe pour une
radio bavaroise, puis écrit sa biographie.
En 1998, à Würzburg, après un concert d'Hanna Schygulla sur sa
Suite Yiddish et ses Lieder de la Shoah, Norbert Glanzberg
joue au piano ses plus grands succès. Une standing ovation
le salue.
En 1999, il enregistre un chant de Noël, créé en 1960 par Tino
Rossi,lors d'un concert à la cathédrale de Würzburg.
Il écrit l'orchestration de la Suite Yiddish pour un
orchestre symphonique. C'est le chef d'orchestre Fred Chaslin qui
crée l'oeuvre à Metz. Une oeuvre interprété quelques mois plus tard
à Würzburg.
Norbert Glanzberg décède le 25 février 2001 à Neuilly.
Quelques mois plus tard,Fred Chaslindirige la Suite Yiddish
à Jérusalem, pour le 90e anniversaire de Teddy Kollek,
longtemps maire de la ville. Un concert diffusé à la télévision en
Europe. Cette Suite Yiddish est jouée le jour de l'unité
allemande par le Jügendorchester de Berlin devant le
Reichstag.
Hommages à un artiste éclectique
En 2010, le spectacle musical inspiré de sa vie,
Padam Padam, signé par Isabelle Georges et de Jean-Luc
Tardieu, figure au programme du théâtre des Mathurins en 2010.
Depuis 2004, l’Association
pourle Festival Musiques Interdites, dont le directeur
artistique est Michel Pastore, réhabilite les œuvres des musiciens
censurées par les régimes nazis et staliniens lors de concerts, de
conférences et des
Festivals.
Rendre leur place à ces artistes - décédés lors des persécutions de
ces régimes totalitaires, tombés dans un oubli
parfois volontairement en refusant que leurs œuvres soient
jouées (sentiment de culpabilité des survivants ? Sentiment de
n'être plus en phase avec leur époque ?) - c’est "restituer au
public un patrimoine essentiel tout en affirmant les victoires de la
création sur les dictatures. Redonner vie à leurs œuvres, c’est
faire de ces
créateurs" -
Joseph Beer (1908-1987) de Der Prinz von Schiras (1934)
sur un livret de Fritz Loehner-Beda,
Aldo Finzi (1897-1945)
auteur notamment de La serenata al vento (1937) et
Shylok (1942),
Simon Laks (1901-1983) auteur du poème symphonique Farys
(1924),
Victor Ullmann (1898-1944) auteur avec Peter Kien de
L'Empereurde l'Atlantide et de bien
d'autres - "voués à l’annihilation les acteurs d’une culture et
d’une citoyenneté nouvelles".
En 2011, en partenariat avec le
Forum culturel autrichien de Paris et l’opéra municipal de
Marseille, le VIe festival des musiques interdites investit le
château Pastré, lieu historique et emblématique de la résistance
durant la Seconde Guerre mondiale. La
comtesse Lili Pastré, grande mécène des arts, y a accueilli et
caché des artistes, tel Norbert Glanzberg, en fuite « pour que
l’esprit vive ».
Les 7-8 et 9 juillet 2011, la
VIe édition de ce festival rend hommage à Norbert Glanzberg avec
pour récitant ou conteur le slameur Abd Al Malik, l’actrice Anouk
Grinberg et le musicien/animateur radio Frédéric Lodéon.
Astrid Freyeisen : Chansons pour Piaf : Norbert Glanzberg, toute une vie 1910-2001.
Editions MJR, coll. Biographies, 2006. 254 pages. ISBN : 978-2883210424
Le 8 juillet 2011 à 20 h
Lors du VIe festival des musiques interdites
Concert Paroles d’Exil-Glanzberg-Weill in memoriam Norbert Glanzberg
Au Château Pastré
157, avenue de Montredon, 13008 Marseille
Paroles d’Exil-Glanzberg-Weill In Memoriam Norbert Glanzberg
Anouk Grinberg : Récitante
Ute Gfrerer : soprano
Emilie Pictet : soprano
Antoine Marguier : chef d’orchestre
Orchestre Philharmonique de Marseille