Henri Dutilleux
Erato WPCS-13231 / 3984-22830-2

17 mai 2006

 

 

 

 

The Shadows of Time (1997)
Boston Symphony Orchestra
Seiji Ozawa
13-14 Mars 1998 (Live)
Symphony Hall, Boston

  1. Les Heures
  2. Ariel Maléfique
  3. Mémoire des ombres
    Pourquoi nous ?
    Pourquoi l'étoile ?

    Ce mouvement, Chanté par trois voix d'enfant, fait allusion à la tragédie vécue par Anne Frank et est dédié “à tous les enfants du monde, innocents“.
  4. Interlude
  5. Vagues de Lumière
  6. Dominante Bleue?

Orchestre Philharmonique de Radio France
Esa-Pekka Salonen

Dans les cinq épisodes enchaînés qui composent “The Shadows of Time“, je suis resté fidèle au principe d'unité - temps et espace - qui le plus souvent, domine mes œuvres, en me référant tantôt à des images intemporelles, tantôt à des évènements lointains dont l'intensité, malgré l'empreinte du temps, n'a cessé de me hanter.

“Les Heures“, “Ariel maléfique", “Mémoire des ombres“, “Vagues de lumière“, “Dominante bleue ?“, tels sont les sous-titres de cette partition qui, dans sa partie médiane, comprend également un Interlude succédant au troisième épisode où apparaissent d'une manière fugitive trois voix d'enfant. C'est l'épisode intitulé “ Mémoire des ombres“ ponctué par ces simples mots : “Pourquoi nous ? Pourquoi l'étoile ?“ allusion à la tragédie vécue par Anne Frank et page dédiée “à tous les enfants du monde, innocents“.
Après la période intitulée “Vagues de lumière“ - longue progression partant du plus profond des cordes graves pour atteindre son paroxysme avec l'éclat métallique des instruments à vent l'œuvre évolue vers sa conclusion, une fausse conclusion par laquelle lai cherché à traduire le sentiment d'interrogation, de doute, que souligne le sous-titre “Dominante bleue ?“. Aussi, la trame orchestrale moins tendue est-elle traversée à nouveau par des rafales de violence, avant que réapparaisse en filigrane le mouvement d'horlogerie Implacable qui ponctue les premières pages de la partition.

Ayant écrit celle-ci pour Seiji Ozawa qui me l'a commandée et en est le dédicataire, j'ai voulu utiliser les immenses ressources qu'offre la grande formation d'orchestre en traitant souvent les familles de bois, de cuivres et de cordes en masse homogènes, mais aussi en les faisant alterner avec des groupes de solistes dans un esprit de musique de chambre. Très attaché au Boston Symphony Orchestra, j'ai vécu des heures exaltantes en octobre dernier dans la fameuse salle de Symphony Hall, auprès du génial Seiji, à l'occasion des répétitions qui se sont poursuivies sous son impulsion pendant près d'une semaine, en vue de cette création.

Henri Dutilleux