Joseph Beer

7 Mai 1908, Chodorów (Oblast de Lviv, Galicia, Pologne, aujourd'hui Ukraine) - 23 Novembre 1987, Nice (France)
Deuxième enfant de Isidore Uri Beer, banquier, et Amalie Esther Malka (il avait un frère aîné, Joachim et une sœur cadette, Suzanne)
Lwów (XIIIe-XIVe siècle, capitale de Galicie, Pologne, 1386-1772 / 1918-1939)
Lemberg (Autriche-Hongrie, 1772-1918) / Lvov (Union Soviétique, IIIe Reich, 1939-1945) / Lviv (Ukraine, 1945)

http://www.josephbeercomposer.com/Index.htm
https://www.ushmm.org/research/research-in-collections/collections-highlights/music-of-the-holocaust-highlights-from-the-collection/music-of-the-holocaust/over-yonder-in-the-sunshine
http://www.musiques-interdites.fr/les-compositeurs/article/joseph-beer
http://beatricebeer.com/joseph-beer-composer/
 
 

Joseph Beer est né le 7 mai 1908 à Chodorów (province de Lemberg, la Lwów polonaise, annexée à l’Empire Habsbourg.)
Très tôt, l’enfant s’intéresse à la musique, allant jusqu’à inventer, à l’âge de sept ans et sans jamais avoir pratiqué, une notation musicale bien à lui.
A 13 ans, devenu élève du conservatoire de la ville, il passe la majeure partie de ses nuits à composer et après un diplôme secondaire suivie d’une année de droit, direction Vienne et la prestigieuse Hochschule für Musik.
Beer passe une audition pour intégrer l’illustre établissement, à une époque ou les quotas d’entrée des juifs et des polonais de l’Empire dans une école strictement autrichienne sont sévèrement observés. Le talent du jeune homme fait l’unanimité : il est non seulement admis, mais on l’autorise à entrer directement dans la classe de composition du grand Joseph Marx, éminent compositeur viennois, dont l’autorité musicale ne fait aucun doute. Le jeune musicien sort diplômé de la Hochschule, promotion 1930.
Beer est engagé comme répétiteur et chef d’orchestre d’une compagnie de ballets, avec qui il entreprend de nombreuses tournées en Autriche, en Europe centrale et au Moyen Orient. A son retour à Vienne, il rencontre Fritz Loehner-Beda et lui interprète quelques unes de ses compositions : le parolier s’enflamme et s’improvise agent. Beer est introduit dans la meilleure société musicale viennoise et fait jouer en 1932 un triptyque symphonique - hélas réputé perdu - qui lui attira la bienveillance du fameux critique et réviseur des symphonies de Mahler : Erwin Stein.
En 1934, il compose Der Prinz von Schiras sur un livret de Fritz Loehner-Beda et Ludwig Herzer. La première à Zurich est une triomphe -le Theater An Der Wien, le Wielki de Varsovie et le Teatro Fontalba de Madrid reprennent aussitôt l’ouvrage qui entame une tournée triomphale de Stockholm jusqu’en Amérique du sud. Trois ans plus tard Polnische Höchzeit triomphe à nouveau à Zurich et doit être repris à l’An Der Wien. Mais suite à l’Anschluss les répétitions sont arrêtées et la pièce retirée de la programmation. Beer se réfugie à Paris, ou il vivote de divers travaux de copie et d’arrangements. Maurice Lehmann envisage – ainsi qu’en atteste la presse – de produire « Les Noces Polonaises » au Châtelet, mais le projet avorte suite à la victoire allemande.
Beer se réfugie alors à Nice. Il subsiste en acceptant un travail de nègre : écrire de la musique pour le compte d’un suisse-allemand qui se prétend compositeur. Il entendra un jour son œuvre, radiodiffusée, et créditée à son commanditaire. Mais Beer n’en abandonne pas pour autant sa muse personnelle : il se lance dans un singspiel nouveau, alors que les allemands envahissent la Zone Libre. Stradella in Venedig s’élabore en 1943 de cachette en cachette. Sans nouvelles des siens, il apprendra à la Libération que toute sa famille a été déportée et a péri à Auschwitz. (Le père, Uri Isidore Beer, la mère Amalie Esther Malka et sa jeune sœur Suzanne)
En 1949, Stradella in Venedig est représenté avec succès à l’opéra de Zurich. Puis Beer se met, à l’instar de nombre de compositeurs juifs ayant échappé à l’Holocauste, en position de n’être jamais joué.
Joseph Beer s’éteignit le 23 Novembre 1987 à Nice : il avait, depuis l’Anschluss, composé trois opéras de plus, qui n’ont pas encore été joués.

Un garçon voit le jour - Joseph Beer. Fils d’un banquier juif, Uri Isidore Beer, et de son épouse au foyer, Amalie Esther Malka, l’enfant grandit au sein d’une famille unie et aisée ; auprès de lui un frère aîné et une sœur, sa cadette de quatre ans. Le père est un homme strict, exigeant. La mère compense les rigueurs paternelles par une tendresse qui lui vaut l’indéfectible attachement - presque fusionnel - de son fils Joseph.
Très tôt, l’enfant s’intéresse à la musique - allant jusqu’à inventer, à l’âge de sept ans et sans jamais avoir pratiqué, une notation musicale bien à lui. A 13 ans, devenu élève du conservatoire de la ville, il passe la majeure partie de ses nuits à composer.
Alors que son austère géniteur veut en faire un avocat, le jeune Beer, après un diplôme secondaire suivie d’une année de droit, est déterminé à devenir compositeur. Direction Vienne et la prestigieuse Hochschule für Musik. Beer passe une audition pour intégrer l’illustre établissement, à une époque ou les quotas d’entrée des juifs et des polonais de l’Empire dans une école strictement autrichienne sont sévèrement observés. Le talent du jeune homme fait l’unanimité : il est non seulement admis, mais on l’autorise à entrer directement dans la classe de composition du grand Joseph Marx, éminent compositeur viennois, dont l’autorité musicale ne fait aucun doute.
Monsieur Beer père est vaincu par l’obstination de son fils. Installé dans un deux pièce au centre de Vienne, Joseph poursuit et complète sa formation musicale auprès de Joseph Marx, et sort diplômé de la Hochschule, promotion 1930.
Beer est engagé comme répétiteur et chef d’orchestre d’une compagnie de ballets, avec qui il entreprend de nombreuses tournées en Autriche, en Europe centrale et au Moyen Orient. En Palestine, un compositeur local le convainc d’emporter quelques unes de ses partitions pour les faire entendre à l’un des plus fameux librettistes de théâtre musical viennois du temps, Fritz Loehner-Beda à son retour à Vienne. Beer s’exécute - et devant le désintérêt de Loehner-Beda pour la musique qui lui est jouée, Beer propose d’interpréter quelques unes de ses compositions. Le parolier s’enflamme pour ce qu’il entend, et s’improvise l’agent du jeune impétrant. Beer est introduit dans la meilleure société musicale viennoise, et fait jouer en 1932 un triptyque symphonique - hélas réputé perdu - qui lui attira la bienveillance du fameux critique et réviseur des symphonies de Mahler Erwin Stein.
Joseph Beer signe, en 1934, sa première œuvre scénique, Der Prinz von Schiras, dont Fritz Loehner-Beda signe le libretto en compagnie de Ludwig Herzer. La première à Zurich est une triomphe - a tel point que le fameux Theater An Der Wien présente l’ouvrage peu de temps après sa création suisse, suivi bientôt du Wielki de Varsovie et du Teatro Fontalba de Madrid. L’ouvrage entame une tournée triomphale qui le mène de Stockholm en Amérique du sud. Joseph Beer a 25 ans - et le maître Joseph Marx reconnaît en son élève des qualités que «peu de compositeurs installés possèdent». L’équipe du Prinz récidive trois ans plus tard - associé au célèbre vaudevilliste Alfred Grünwald – avec Polnische Höchzeit, des «Noces Polonaises» qui recueillent tous les suffrages. Composé en trois semaines, mis en texte concurremment, l’ouvrage conquiert Zurich et s’apprête à triompher à son tour à l’An Der Wien, dont Beer est désormais l’une des chevilles ouvrières. Il est question d’une production de l’ouvrage à New York. Tous les espoirs sont permis.
Las. Sonne l’heure de l’Anschluss, et l’œuvre du Juif Beer, alors en répétition, est retiré de la programmation. Muni d’une recommandation pour Maurice Lehmann, Beer se réfugie à Paris, ou il vivote de travaux de copie et d’arrangements divers. Beer prend son mal en patience : Lehmann ne lui a-t-il pas promis que ces « Noces Polonaises » seront bientôt à l’affiche de l’illustre théâtre ? La presse n’annonce-t-elle pas la venue de Martha Eggert et Jan Kiepura pour créer l’ouvrage en France ?
Beer joue de malchance. Les projets de Lehmann sont mis à bas par l’entrée des allemands dans la Capitale. Beer fuit de nouveau, et se réfugie à Nice, ou se trouve déjà son frère aîné. Il subsiste en acceptant un travail de nègre : écrire de la musique pour le compte d’un suisse-allemand qui se prétend compositeur. Il entendra un jour son œuvre, radiodiffusée, et créditée à son commanditaire. Mais Beer n’en abandonne pas pour autant sa muse personnelle : il se lance dans un singspiel nouveau, alors que les allemands envahissent la Zone Libre. Stradella in Venedig s’élabore en 1943, de refuge en refuge, de cachette en cachette, tandis que Beer s’inquiète du reste de sa famille, enfermée dans le ghetto de Lwow et affamée par les Nazis. Il n’a de leur nouvelles que de loin en loin - « S’il te plaît, lui écrit son père, ne m’adresse plus de paquets ou de lettres, tu nous mets en danger … »
Beer est obsédé par le sort réservé à sa famille. Impuissant à les aider, sans moyens, le compositeur sombre dans l’angoisse. A la Libération, il apprendra que son père, sa mère et sa seur ont été déportés et péri à Auschwitz.
Dès lors, Beer est un autre homme. C’est un artiste brisé.
Récipiendaire de la Wiedergutmachung, pension compensatoire versée par l’état Allemand aux victimes de guerre, il compose et compose encore, il compose toujours. Et se met, à l’instar de nombre de compositeur juifs ayant échappé à l’Holocauste, en position de n’être jamais joué - soit qu’il refuse les propositions, soupçonnant ses anciennes connaissances d’avoir collaboré - soit qu’il remette sans cesse l’ouvrage sur le métier, de sorte de n’être jamais satisfait et de ne l’achever jamais. Il confiera, à la fin de sa vie, que sa mère avait été le soutien de ses débuts de compositeur. Très lié à elle, il lui avait certes survécu physiquement mais non pas émotionnellement. On peut soupçonner le poids de la culpabilité d’un fils qui a vu périr ses parents et sa jeune sœur sans pouvoir intervenir - alors que lui-même est sorti sain et sauf des Années Noires.
En 1949, Stradella in Venedig est représenté à l’opéra de Zurich - un joli succès, qui fit dire à la critique (Opern der Welt) qu‘il s’agissait là d’un « opéra-comique de la plus haute tenue » - mais Beer, malgré le souhait d’André Roussin d’en écrire la version française, ne se battra jamais pour que l’ouvrage se pérennise.
Plus que jamais absorbé par la musique et enfermé dans son univers musical, Beer, toujours soucieux de pénétrer l’Art Musical pour que son œuvre n’en soit que plus riche encore, soutient en 1966 - et entre deux compositions - une thèse en Sorbonne - sous la direction du génial Wladimir Jankélévitch - consacrée à l’évolution du style harmonique dans l’œuvre de Scriabine. Jankélévitch proposa que la brillante thèse soit publiée : Beer déclina l’offre, préférant se consacrer à la composition - en solitaire, toutes les nuits ou presque.
Entouré de son épouse Hanna Königsberg, jeune réfugiée munichoise qu’il avait connue à Nice - une ville qu’il n’a jamais plus quitté - après la guerre et qui sera toute sa vie sa plus proche collaboratrice, et de ses deux filles, Suzanne (peintre et philosophe) et Béatrice (soprano),
Joseph Beer s’éteignit le 23 Novembre 1987. Il avait, depuis l’Anschluss, composé quatre opéras de plus, qui n’ont pas encore été joués.

 
 

Main Works

Chamber Music
ca. 1922
: Orchestration of Brahms' Ballads for piano
ca. 1930-1932
: Corelli Variations for Violin and Clarinet
ca. 1930-1932: Sonata for Cello and Clarinet
ca. 1930-1932: Oboe & Klarinet Chamber Piece

Orchestral Suites
ca. 1930-1932
: Waltz Silhouettes (Symphonic Ballet)
ca. 1930-1932: Triptic: Spiritual, Lullaby, Dance
("a concert hall sell-out" commented famed Viennese critic Erwin Stein)

1934: Der Prinz Von Schiras
Operetta by Joseph Beer
Libretto by Fritz Löhner-Beda and Ludwig Herzer

1937: Polnishe Hochzeit
Operetta by Joseph Beer
Lyrics by Fritz Löhner-Beda and Alfred Grünwald

1946: Ave Maria-Cantata for Soloists, Mixed Choir and Organ
(Premiered at the Notre Dame Cathedral in Nice, France by famed Austrian Soprano Lotte Schöne and renowned Tenor Enso Seri)

1949: Stradella in Venedig
Commedia dell' Arte Opera by Joseph Beer
Libretto by Hans Zimmermann

ca. 1977: La Polonaise
Singspiel Opera
Music and Libretto by Joseph Beer

ca. 1987: Mitternachtssonne
Singspiel Opera
Music and Libretto by Joseph Beer

Joseph Beer
List of Compositions

Early Works
Year Work Description Performance Notes / Comments Material Available
ca. 1922 Orchestration of Brahms' Ballads for piano Lost
ca. 1930-1932 Corelli Variations for Violin and Clarinet Lost
ca. 1930-1932 Sonata for Cello and Clarinet Lost
ca. 1930-1932 Oboe & Clarinet Chamber Piece Lost
ca. 1930-1932 Waltz Silhouettes Symphonic Ballet Lost
ca. 1930-1932 Triptych: Spiritual, Lullaby, Dance Orchestral Suite "A concert hall sell-out" commented famed Viennese critic Erwin Stein Lost

 

Opéras
Year Work Description Performance Notes / Comments Material Available
1934 Der Prinz Von Schiras Singspiel Opera in Three Acts and Five Tableaux by Joseph Beer
Libretto & Lyrics by Fritz Löhner-Beda and Ludwig Herzer
Premiered at the Zurich Opera House (then the Zürich Stadttheater)
with international broadcast, and received critical acclaim.
Published by Doremi Musikverlag A.-G.
A couple of piano/vocal scores remaining & libretto;
some orchestral scores/parts recently returned by Ricordi (Munich);
fairly good quality
1937 Polnishe Hochzeit Singspiel Opera in Three Acts with a Prologue by Joseph Beer.
Libretto and Lyrics by Fritz Löhner-Beda and Alfred Grünwald
Also premiered at the Zurich Opera House in 1937.
It was subsequently performed on over 40 stages throughout
Europe and translated in 8 languages, sometimes bearing, as in Finland, the alternative title of Masurka.
Published by Wiener Operetten Verlag
A few piano/vocal scores remaining & libretti;
full orchestral scores/parts;
fairly good quality
1937 Nadel und Swirn Singspiel Opera - an "Urban Legend” in Eight Tableaux by Joseph Beer.
Libretto & Lyrics by Paul Frank and Fritz Löhner-Beda
Newly found Published by Ludwig Doblinger Verlag
Libretto recently found at the Zentralbibliothek Zürich. Piano/vocal scores and orchestral scores/parts still to be located.
1946 Ave Maria Cantata for Soloists, Mixed Choir and Organ Premiered at the Notre Dame Cathedral in Nice, France
featuring famed Austrian Soprano Lotte Schöne and renowned Tenor Enso Seri.
Lost
1944 -1949 Stradella in Venedig Commedia dell' Arte Opera in Seven Tableaux and an Interlude.
Music, Libretto & Lyrics By Joseph Beer.
Premiered at the Zurich Opera House.
The opera was critically acclaimed - mentioned by Kurt Pahlen in his World Music History
(München, Südwest Verlag) as "… a comic opera of the highest sort."
piano/vocal score; libretto;
full orchestral scores/parts;
good quality
ca. 1977 La Polonaise Singspiel Opera in Three Acts, Five Tableaux and a Prologue.
Music and Libretto by Joseph Beer.
Unpublished, never performed on the operatic stage. piano/vocal score; libretto;
full orchestral scores.
ca. 1987 Mitternachtssonne Singspiel Opera in Five Tableaux, Two Interludes and a Prologue.
Music and Libretto by Joseph Beer.
Unpublished, never performed on the operatic stage. piano/vocal score;
libretto;
full orchestral scores.

 

Arias Being Input Into Computer Format / Published
Weit Draussen Im Sonnenglanz Stradella in Venedig Aria for Soprano
(1st Tableau)
Fliegt Tauben Weit Zum Meer Stradella in Venedig Aria for Bass-Baritone
(4th Tableau)
Romanze La Polonaise Aria for Soprano
(Act I, 3rd Tableau)
Mazurka La Polonaise Orchestral piece (Ballet)
(Act III, 5th Tableau)
Schwarze Rappen Mitternachtssonne Aria for Bass-Baritone (Act II)
Wenn Die Mädels Zur Mazurka Geh’n Polnishe Hochzeit Aria for Soprano
(Act I, No. 2)
Schenk Mir Das Himmelreich Polnishe Hochzeit Aria for Soprano
(Act I, No. 5)
Ô Toi Beauté Que J'Adore (Du Bist Meine Grosse Liebe) Polnishe Hochzeit Aria for Tenor (Act II, No. 10) WM Ellis Publishers-Paris (France) 2010
for performance by the Orchestre Pasdeloup at the Théâtre du Châtelet on January 23, 2010.
Katzenaugen Polnishe Hochzeit Duet for Mezzo-Soprano & Baritone (Act II, No. 11)