Marcel Lattès © DR
Des touches swing et jazz
Pour ce faire, Mathieu Franot et Benjamin El Arbi, co-directeurs de la compagnie, ont jeté leur dévolu sur Le Diable à Paris. «Une partition majeure dans l’histoire de l’opérette/opéra-comique en France, souligne M. Franot ; c’est là que le premier blues fait son apparition dans une opérette. » L’histoire (livret de Robert de Flers et Francis de Croisset, lyrics d’Albert Willemetz), qui commence dans une petite gare du Pays basque, conte le retour de Méphisto à Paris après une longue absence (dernier passage en 1859 !). La ville lumière a bien changé et le Malin y trouve désormais ... plus malin que lui ! La musique d’opérette a, elle aussi, profondément évolué depuis le temps d’Hervé et d’Offenbach : « Lattès, explique M. Franot, après un premier acte très opéra-comique, se moque des codes de ce dernier et insère des touches swing et jazz dans un œuvre créée en 1927 au théâtre Marigny, où l’auteur pouvait s’autoriser plus de libertés que sur une scène plus officielle ».
Arbi © Nemo Perier Stefanovitch
« Monter Le Diable à Paris nous tenait beaucoup à cœur, poursuit M. Franot, mais il a fallu mener un énorme travail de restauration puisque nous ne disposions que d’un piano-chant et d’un enregistrement de la Radio capté dans les années cinquante. » Sous l’œil vigilant de Christophe Mirambeau (photo, au centre au premier ranf), conseiller musical des Frivolités Parisiennes, Jean-Yves Aizic et Edouard Signolet (metteur en scène de la production) ont travaillé, le premier à la restauration de l’orchestration originale, l’autre à celle du livret original, auquel il a donné un bon petit coup de jeune avec l’humour caustique qu’on lui connaît. L’enregistrement de la radio ne comportait pas les dialogues complets, mais des transitions entre les numéros dites par un narrateur. E. Signolet s’en est inspiré pour introduite un rôle parlé, confié à la comédienne Céline Groussard.
Dylan Corlay © DR
Respecter les timbres originaux
Un spectacle requérant pas
moins de 33 instrumentistes en fosse résulte de ce patient
travail de retour aux sources. On y reconnaît la signature des
« Frivos » et leur désir de toujours respecter les timbres
originaux des partitions. Dylan Corlay, que l’on avait
chaudement applaudi dans l’épatant Testament
de la tante Caroline de Roussel (1) en juin
2019 à l’Athénée, est de retour pour diriger la partition de
Lattès et emporter l’enthousiasme d’une troupe où l’on retrouve
des chanteurs habitués des Frivolités : Marion Tassou, Julie
Mossay, Mathieu Dubroca, Denis Mignien (le rôle du Diable lui
échoit). Deux nouveaux venus se tiendront à leur côtés : Sarah
Laulan et Paul-Alexandre Dubois. Ajoutons-y une dizaine de girls et boys venus
du monde du cabaret et tous les ingrédients seront réunis pour
un spectacle complet.
Un début 2021 très
offenbachien
La saison en cours apparaît
bien remplie pour les Frivolités(2), qu’il s’agisse de
productions propres ou de prestations en tant qu’orchestre
invité. Pour les premières, après Normandie (dont
la reprise à l’Athénée fut hélas écourtée de ses deux dernières
dates) et Le
Diable, on retrouvera la compagnie à Paris et à La Rochelle
en avril-mai avec « Cole in Paris », concert-show en hommage à
Cole Porter imaginé par Christophe Mirambeau. Quant aux
invitations, l’Orchestre des Frivolités est attendu au théâtre
des Champs-Elysées pour « Un élixir d’amour » d’après Donizetti
en février, avant d’entrer dans une période très offenbachienne : Le
Voyage dans la lune en février (à Compiègne,
m.e.s Olivier Fredj) et en avril (à l’Opéra-Comique, m.e.s.
Laurent Pelly) et La
Belle-Hélène en mars (à l’Opéra-Comique, m.e.s.
Michel Fau).
Alain Cochard
(Entretien avec Mathieu
Franot réalisé le 3 décembre 2020)
(1) www.concertclassic.com/article/le-testament-de-la-tante-caroline-dalbert-roussel-par-les-frivolites-parisiennes-lathenee-la