Petr Eben
(né le 22 janvier 1929 à Žamberk, dans la région de Pardubice en Bohême Orientale - mort le 24 octobre 2007 à Prague)
compositeur, pianiste, organiste et improvisateur tchèque.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Petr_Eben

 

 

 

 

Biographie

Jeunesse

Petr Eben passe son enfance dans le sud de la Bohême où il apprend dès l'âge de 6 ans le piano, puis à 9 ans, il commence à étudier l'orgue. Bien qu'élevé dans la foi catholique, son ascendance juive par son père lui vaut d'être la cible des persécutions nazies : il est déporté et interné, à l'âge seulement de 15 ans, dans le camp de Buchenwald.

Formation

À la fin de la guerre, il reprend ses études musicales, étudiant le violoncelle, l'orgue et le piano. Il remporte de nombreux concours de jeunes talents, et en 1948, entre à l'Académie de Musique de Prague. Il y obtient ses diplômes en piano et en composition, et achève son cursus en 1954.

Carrière

Depuis, Petr Eben n'a cessé de composer. Dans un vaste catalogue qui comprend des œuvres pour orchestre, pour chœurs, des œuvres liturgiques, de la musique de chambre, des opéras, de la musique de scène et des pièces pour enfants, l’orgue tient une place de choix. Citons parmi beaucoup d’autres :

Chargé de cours à l'Université Charles de Prague en 1955, il est nommé, après la Révolution de Velours en 1989, professeur à l'Université et à l'Academie de Musique de Prague, où il enseigne l'histoire de la musique, la théorie musicale, l'écriture, l'orchestration, l'analyse et la composition. Il est également pendant les années 1990 président du Printemps de Prague.

En 1990, le gouvernement tchèque le distingue pour son cycle Job pour orgue. En 1991, il reçoit du ministre français de la Culture les insignes de chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. En 1992, il se voit décerné le titre de Professeur honoris causa du Royal Northern College of Music de Manchester. En 1993, on lui remet le prix Stamitz de la Künstlergilde allemande. Enfin, il est nommé docteur honoris causa de l’université Charles de Prague en 1994.

La musique de Petr Eben se caractérise par une spiritualité à la fois énergique et profonde, ses œuvres diverses témoignent de sa personnalité riche et attachante. Jean Langlais a dit de Petr Eben « sa musique touche nos cœurs, car elle est écrite avec le cœur ». Humaniste autant que musicien, Eben a su toucher le cœur d’innombrables auditeurs à travers le monde. Sa musique, vivante et rythmique, riche et colorée, est bien le reflet de la personnalité ardente et combien attachante de son auteur.

En tant que pianiste virtuose, Petr Eben s'est produit souvent en concert, comme soliste et comme accompagnateur. Improvisateur accompli tant à l'orgue qu'au piano, ce qui est rare pour un pianiste classique, il fut également très demandé pour des soirées musico-littéraires et programmes radiodiffusés.

Œuvres

Pour orchestre

Musique de chambre

Instruments soli

Chœur

Mélodies

Musique théâtrale

Musique vocale pour enfants

Musique instrumentale pour enfants

Principaux éditeurs de la musique de Petr Eben

Bibliographie

Principaux interprètes de l'œuvre pour orgue de Petr Eben

Petr Eben, Thomas Thon, Halgeir Schiager, Sieglinde Ahrens, Susan Landale, Silvie Poirier, Olivier d'Ormesson, Philippe Bardon, Maig Mardirosian.

http://mouvementjanacek.free.fr/notice_compositeur.php?id=17

Petr Eben (Žamberk, 1929 - Prague, 2007)

De la belle ville de Český Krumlov en Bohême du sud où il passa son enfance et une partie de son adolescence, lui vint peut-être le goût de la Renaissance et un penchant pour la stylisation des formes anciennes… Petr Eben nous a quitté le 24 octobre 2007 à l'âge de 78 ans.

Une adolescence marquée par la guerre
Petr Eben était un enfant particulièrement doué et précoce: dès 6 ans il est au clavier, piano et orgue. A 10 ans, il écrit sa première composition. Dans la famille la musique était, comme très souvent dans le pays, pratiquée à un niveau élevé. On jouait des trios où Petr tenait la partie de violoncelle, son père le violon et son frère Bedřich le piano. Pendant la guerre, il pratiqua l'orgue à l'église Saint-Guy de Český Krumlov et, comme le note Graham Melville-Mason non sans humour, ses pieds pas n'atteignaient le pédalier. Mais l'occupation nazie allait marquer son destin tragiquement: bien que de famille catholique pratiquante, il est écarté de l'école à cause de l'origine juive de son père (converti) et sa formation musicale est brutalement interrompue par son arrestation. En 1943, il a 14 ans, il est interné à Buchenwald. Ces années de camp (1943-1945) renforceront de manière indélébile sa foi et développeront cette maturité supérieure de la conscience due à la confrontation au Mal. Il rappellera à maintes occasions que s'étant trouvé dans la salle de douche du camp et que tenant la main de son frère aîné il s'attendait à être gazé. Heureusement, il survécut, mais ce moment marquera le reste de vie.
Il écrira plus tard une œuvre Suita Balladica où il témoignera des fosses communes, de la foi en l'homme et de ce que Foi et Espoir ne peuvent être anéantis par le Mal. Musicien prisonnier, on ne peut manquer de penser aussi à Olivier Messiaen dont on fête le centenaire de la naissance cette année et dont la vie a été marquée par un destin proche pendant la guerre, une même foi sous-tendant l'œuvre, et un net penchant l'orgue, instrument qu’il considérait pouvoir exprimer le mieux ses préoccupations spirituelles. La comparaison s'arrête évidemment là ; il avait peu de chance de trouver des instruments de musique à Buchenwald

Professeur - la reconnaissance internationale
Au retour de Buchenwald, il reprend les cours de musique et en 1948, il est élève à l’Académie de Prague. En 1950, il y entame la classe de composition avec le grand pédagogue Pavel Bořkovec qui lui transmet un sens puissant de la forme. Il sort diplômé en 1954. Comme étudiant, il ira lui aussi cueillir en Moravie les fleurs du grand patrimoine musical populaire. Dès 1955, il enseigne l'histoire de la musique à l'Université Charles, il y restera jusqu'en 1990. Refusant de s'inscrire au parti communiste et manifestant publiquement sa foi, sa carrière ne connaît, que du contraire, aucune promotion avant la révolution de Velours. Fort heureusement, hors de son pays se manifeste assez rapidement un réel succès. Succès qui ne plaît guère aux autorités communistes tchécoslovaques qui cherchent par tous les moyens à restreindre son activité musicale en interdisant, par exemple, les concerts d'orgue, instrument soupçonné donner des idées de spiritualité. Si bien que son cycle d'orgue Musique dominicale (Nedělní Hudba), écrit à cette époque (1957-59) suscite l'étonnement des autorités par son succès mondial.
Il dit lui-même « rechercher dans ces pièces à dire le combat entre le Bien et le Mal dans le cœur de l'homme […]. Pendant les quarante années de privation de liberté, on ne pouvait pas exprimer ouvertement un certain nombre de choses, l'art le permettait, et la musique au premier titre.»
Cette longue période est cependant musicalement très féconde. Dans son exil intérieur, il est porté par une foi et une philosophie sans faille qui le font résister à l\\'oppression politique. Sa musique, très marquée spirituellement, est à la fois dramatique et lyrique. En 1951, il compose Six chants d'amour d'une écriture et d'une inspiration proche de Janáček avec en miroir en 1963 les sombres Chants sans amour accompagnés à l'alto. En 1954, il donne un premier Concerto pour orgue dit Symphonia Gregoriana.. Il écrit aussi plusieurs pièces sacrées sur base du chant grégorien mais 'habillées' de manière profane pour ne pas éveiller les soupçons des autorités. Dans la foulée, en 1959, des cantates dont Terre Amère; en 1967, l'oratorio Apologia Sokratus; en 1968-69, Vox Clamantis, composition très forte pour trois trompettes et orchestre exécutée peu après l'invasion soviétique; en 1972, Pragensia marque son intérêt pour la musique de la Renaissance, et à l'instar de la majorité des compositeurs du pays, de nombreuses pièces pour chœurs divers, sans oublier les messes dont Trouvère (1968-69) et Missa cum Populo (1982) ainsi que les cycles Faust en 1976 et Job en 1987 qui « met l’accent sur la force de la foi qui aide l’homme à accepter la souffrance et qui montre combien Dieu soutient les affligés. »
Comme pour nombre d'autres compositeurs tchécoslovaques, les relations et les invitations émanant de l'étranger, même surveillées par les autorités, sont plus qu'une bouffée d'air. Ses liens avec la Grande-Bretagne sont déjà nombreux et fructueux, entre autre grâce à la Dvořák Society et à Graham Melville-Mason qui, en 2000, a réuni dans un livre les Hommages à Petr Eben. Ainsi, il enseigne pendant deux ans la composition à Manchester (1977-78). C'est à Graham Melville-Mason qu'est dédié son Veni Creator.
Comme le rapporte encore Graham Melville-Mason d'après les mots de Petr Eben, au Festival d'Edimbourg de 1991 l'exécution du Labyrinthe du Monde et Paradis du Cœur d'après Komenský (Comenius) est marquée d'une combinaison culturellement étonnante avec un narrateur baptiste et un organiste catholique jouant sur un orgue presbytérien.
La réputation de Petr Eben lui vaut aussi une série de commandes, comme, en 1976, Fenêtres (Okna) inspiré des vitraux de Chagall pour la synagogue du centre médical universitaire à Jérusalem ou, en 1976, la grande composition de musique de scène Faust pour le Burgtheater de Vienne (une version pour orgue solo verra le jour en 1980). « A travers cette composition, je m'étais assigné la tâche d'exprimer la polarité du Bien et du Mal en un seul personnage, puisque l'idée présidant au drame de Goethe ne consistait sûrement pas à créer une pièce sur Dieu et Méphisto se disputant Faust, mais plutôt à illustrer la lutte de ces éléments conflictuels au sein d’un même personnage. C’est la raison pour laquelle j’ai également cherché à réaliser musicalement ces deux influences au sein d’un même instrument. Par conséquent, j’ai attribué à l’orgue un rôle duel, ajoutant à son style traditionnel et vénérable, la vulgarité triviale d’un orgue de Barbarie. »
En 1982, il reçoit commande de la Missa cum populo pour le Festival d'Avignon, créée dans le cadre du 36ème Festival le 18 juillet 1982. C'était une commande de Radio-France, Guy Erismann était l'interlocuteur des personnes, dont l'abbé Georges Durand, responsables de la programmation des Messes du Festival de Foi et Culture. La même année, un Deuxième Concerto pour orgue est écrit pour l'inauguration des nouvelles orgues des studios de Radio Vienne ; en 1983, Curses and Blessings pour le Festival des Pays-Bas, puis Prague Nocturne en 1984 pour le Festival de Salzbourg et aussi l'oratorio Sacred Symbols pour la cathédrale de Salzbourg, et bien d'autres encore. Après 1989, les commandes ne cesseront pas, que du contraire.

La reconnaissance nationale
En 1989, en effet, la reconnaissance nationale vient couronner une renommée internationale acquise depuis longtemps. Nommé professeur de composition à l'Académie et Président du Festival Printemps de Prague - d'autres marques d'honneur suivront et non des moindres - il accède alors la place qu'il mérite dans la vie musicale tchèque. Cette même année, il écrit le Te Deum de Prague 1989 pour marquer la révolution de Velours.
En 1995, Improperia est composé pour le centenaire de l'Orchestre Philharmonique Tchèque de 1996.
Si Petr Eben n'a pas énormément produit de musique de chambre, il laisse cependant un très beau Trio à clavier en 1986, un Quatuor à cordes datant de 1987 et un Quintette à clavier dédié au Nash Ensemble en 1991-92 et plus d'une vingtaine d\\'autres pièces dont en 1991, le cycle pour piano Lettres à Milena d'après Kafka.
En 1997 eut lieu la première à la cathédrale Saint-Guy de Prague de son ‘opéra d’église’ Jeremiaš d'après Stefan Zweig, retransmis par plusieurs radios et télévisions internationales.
Ces dernières années, il envisageait encore la composition de grandes œuvres orchestrales mais la maladie sournoise qui allait l'emporter l'en empêcha.

L'homme et l'œuvre
D'une extrême exigence musicale envers les autres musiciens et lui-même, c'était pourtant un homme d'une grande humilité, toujours un peu surpris de l'intérêt que l'on prodiguait à ses compositions. Virtuose accompli, il ne s'exhibait pas et ne se hasardait pas dans des expérimentations creuses, (in: Le message spirituel de Petr Eben, Václav Richter, Radio Praha). Extrêmement actif, il a donné de nombreux concerts partout dans le monde et s’est révèlé un improvisateur remarquable à l'orgue comme au piano. Petr Eben a donc aussi fait une très belle carrière d'organiste, non seulement en tant que son propre interprète mais également du répertoire très ancien et contemporain, en particulier français, sans exclusive, de Boëllmann à Messiaen. Il était aussi un grand ami de la France où il résidait souvent.
Son œuvre, d’une grande profondeur d'inspiration, est très riche dans de multiples domaines - avec une mention spéciale pour l’orgue, l’orgue ayant toujours été son instrument de prédilection - et couronnée de nombreux prix. Elle entretient des liens avec la tradition, le plain chant et les sources populaires, mais elle est vraiment ouverte aux nouvelles formes de composition qui lui apportent une saveur particulière. Reconnaissant à l'art une mission humaniste et marquée par son passage en camp de concentration, son écriture est une méditation sur la vie et la mort. Petr Eben est l'un des compositeurs contemporains tchèques les plus éminents. Il offre une invention mélodique rarement entendue depuis Janáček.
Sa femme Šarka est la soeur du compositeur Ilja Hurník. Son fils David a créé en 1987 la Schola Gregoriana Pragensis, ensemble spécialisé dans la musique du Moyen-âge.

Discographie
La majorité des œuvres citées plus haut sont enregistrées et la discographie de Petr Eben est à ce point abondante qu'il serait vain de vouloir la répertorier ici : 19 références à la Fnac, une quinzaine sur cdmusic.cz, une vingtaine chez abeille musique, etc.

Distinctions honorifiques
Chevalier des Arts et des Lettres, 1991
Professeur h.c. du Royal Northern College of Music de Manchester, 1992
Prix Stamitz de la Künstlergilde allemande, 1993
Docteur h.c. de l’Université Charles à Prague, 1994
Honorary Fellow du Royal College of Organists de la Royal Academy of Music
Membre Protecteur de la British Dvořák Society depuis 1995

Catalogue avec complément discographique

Œuvres orchestrales

Œuvres de chambre

Œuvres pour instruments solistes

Oeuvres chorales

Mélodies

Musique de scène

Œuvres vocales pour enfants

Œuvres instrumentales pour enfants